La collection "D'une seule voix" de Actes Sud fait partie de mes favorites (avec la collection "Ego" des éditions Talents hauts) dans la catégorie des romans courts pour ados. Même s'ils ne sont pas tous aussi bons, ils traitent généralement de sujets qui ne laissent pas indifférents. C'est le cas ici avec Une fille de... de Jo Witek, une lecture que j'ai beaucoup appréciée sur un sujet peu abordé, surtout en littérature jeunesse, et qui a pourtant une place importante dans l'ombre de notre société : la prostitution.
Une fille de..., c'est tout simplement l'histoire d'une fille de pute. Et non, ce n'est pas une insulte (même si on en a fait une dans sa version masculine, "fils de..."). Hanna, fille d'Olga, prostituée ukrainienne, nous raconte son enfance et son adolescence. Avant, quand elle était trop jeune pour comprendre ce que faisait sa mère. Et après. Le regard des autres quand ils savent, avec d'un côté la pitié et de l'autre le dégoût. Le jugement qui lui tombe dessus implacablement : elle sera forcément comme sa mère. La peur de se faire des amis qui se retourneraient contre elle en apprenant la vérité. La peur de s'attacher à un garçon, de tomber amoureuse, alors qu'elle n'a que pour seul exemple l'histoire de sa mère, voyant ainsi comme les hommes peuvent si bien tromper et si mal traiter les femmes.
Pour supporter tout ça, tous ces jugements, toutes ces questions, toutes ces peurs, Hanna a trouvé une solution : courir. Aller au-delà de ses limites, toujours plus loin, pour devenir plus forte et ne plus se faire piétiner par les autres.
Le sujet de la prostitution est abordé de manière originale car nous avons, non pas le point de vue de la prostituée ou du client ou autre personne rattachée au métier, mais celui de l'enfant d'une prostituée. Ce n'est pas si rare dans les romans pour ados (c'est par exemple aussi le cas dans Big easy de Ruta Sepetys, un très bon roman également), puisque c'est une littérature qui met généralement en avant des personnages adolescents. En revanche c'est plus rare en littérature adulte, qui va privilégier des points de vue adultes (ce qui est plutôt logique). Du coup, quand on a l'habitude de lire de l'adulte, ça nous change un peu.
Hanna nous livre donc ses pensées, celles d'une jeune fille qui refuse qu'on lui colle une étiquette parce que sa mère fait un métier qui déplaît. Un métier certes illégal et très mal perçu, mais qui n'empêche en aucun cas Olga d'être une bonne mère, comme le souligne si bien Hanna. Mère et fille s'aiment et se soutiennent, ensemble, unies dans cette société gorgée d'hypocrites moralisateurs.
À travers le regard de Hanna, on découvre également l'histoire d'Olga, jeune ukrainienne qui s'est laissée séduire par un homme et l'a suivi, pour se retrouver piégée, séquestrée, droguée puis emmenée en France pour travailler comme prostituée. Si Olga s'en est sortie, si elle est parvenue à s'enfuir pour devenir indépendante, c'est pour sa fille dont elle était alors enceinte. L'amour maternel est puissant chez cette femme, qui essaie de faire les choses au mieux malgré son métier, le seul qu'elle connaisse.
Hanna en a conscience, et ne peut rien reprocher à sa mère, même si elle aurait aimé avoir une vie plus... normale, sans secrets à cacher aux autres, où faire confiance à quelqu'un ne risquerait pas de finir en catastrophe. Et pour ne pas crier tout ça au visage de sa mère, Hanna court pour se défouler, s'évader, devenir plus forte.
D'ailleurs, pendant qu'elle raconte son histoire, Hanna court. Elle a un but, un objectif, quelqu'un à atteindre et, peut-être, à qui tout avouer. Un espoir pour une vie plus lumineuse.
Dans ce roman, on nous incite à une certaine ouverture d'esprit : qui sommes-nous pour juger ? Ce métier n'existerait pas sans clients, dont beaucoup font partie des "bien-pensants", de ceux qui sont les premiers à mépriser celles (ou ceux) qui l'exercent. Et plutôt que de juger, plutôt que de mépriser, pourquoi ne pas s'interroger sur les raisons qui peuvent pousser ces personnes à recourir à ce métier ?
Hanna, à travers son témoignage, nous pousse à la réflexion et à l'indulgence. On ne peut que s'attacher à cette jeune fille au regard acéré, au récit de cette vie pleine de complications et de jugements, à l'amour qui unit une mère et sa fille, et à l'espoir et au courage qu'une simple rencontre peut éveiller.
En bref...
Une fille de... est un roman percutant sur la prostitution et, plus particulièrement, sur l'impact qu'un tel métier peut avoir sur la vie de l'enfant de celle (ou celui) qui l'exerce. Les paroles de cette fille de prostituée, sans être plaintives, nous touchent. C'est un regard réaliste, mais teinté d'optimisme, qu'elle nous offre là. Incisif, ce court roman sur un sujet difficile, et malheureusement toujours très actuel, nous pousse à la tolérance et à la réflexion. Je le recommande vivement, pour son héroïne et pour son message.
Une fille de..., c'est tout simplement l'histoire d'une fille de pute. Et non, ce n'est pas une insulte (même si on en a fait une dans sa version masculine, "fils de..."). Hanna, fille d'Olga, prostituée ukrainienne, nous raconte son enfance et son adolescence. Avant, quand elle était trop jeune pour comprendre ce que faisait sa mère. Et après. Le regard des autres quand ils savent, avec d'un côté la pitié et de l'autre le dégoût. Le jugement qui lui tombe dessus implacablement : elle sera forcément comme sa mère. La peur de se faire des amis qui se retourneraient contre elle en apprenant la vérité. La peur de s'attacher à un garçon, de tomber amoureuse, alors qu'elle n'a que pour seul exemple l'histoire de sa mère, voyant ainsi comme les hommes peuvent si bien tromper et si mal traiter les femmes.
Pour supporter tout ça, tous ces jugements, toutes ces questions, toutes ces peurs, Hanna a trouvé une solution : courir. Aller au-delà de ses limites, toujours plus loin, pour devenir plus forte et ne plus se faire piétiner par les autres.
Le sujet de la prostitution est abordé de manière originale car nous avons, non pas le point de vue de la prostituée ou du client ou autre personne rattachée au métier, mais celui de l'enfant d'une prostituée. Ce n'est pas si rare dans les romans pour ados (c'est par exemple aussi le cas dans Big easy de Ruta Sepetys, un très bon roman également), puisque c'est une littérature qui met généralement en avant des personnages adolescents. En revanche c'est plus rare en littérature adulte, qui va privilégier des points de vue adultes (ce qui est plutôt logique). Du coup, quand on a l'habitude de lire de l'adulte, ça nous change un peu.
Hanna nous livre donc ses pensées, celles d'une jeune fille qui refuse qu'on lui colle une étiquette parce que sa mère fait un métier qui déplaît. Un métier certes illégal et très mal perçu, mais qui n'empêche en aucun cas Olga d'être une bonne mère, comme le souligne si bien Hanna. Mère et fille s'aiment et se soutiennent, ensemble, unies dans cette société gorgée d'hypocrites moralisateurs.
À travers le regard de Hanna, on découvre également l'histoire d'Olga, jeune ukrainienne qui s'est laissée séduire par un homme et l'a suivi, pour se retrouver piégée, séquestrée, droguée puis emmenée en France pour travailler comme prostituée. Si Olga s'en est sortie, si elle est parvenue à s'enfuir pour devenir indépendante, c'est pour sa fille dont elle était alors enceinte. L'amour maternel est puissant chez cette femme, qui essaie de faire les choses au mieux malgré son métier, le seul qu'elle connaisse.
Hanna en a conscience, et ne peut rien reprocher à sa mère, même si elle aurait aimé avoir une vie plus... normale, sans secrets à cacher aux autres, où faire confiance à quelqu'un ne risquerait pas de finir en catastrophe. Et pour ne pas crier tout ça au visage de sa mère, Hanna court pour se défouler, s'évader, devenir plus forte.
D'ailleurs, pendant qu'elle raconte son histoire, Hanna court. Elle a un but, un objectif, quelqu'un à atteindre et, peut-être, à qui tout avouer. Un espoir pour une vie plus lumineuse.
Dans ce roman, on nous incite à une certaine ouverture d'esprit : qui sommes-nous pour juger ? Ce métier n'existerait pas sans clients, dont beaucoup font partie des "bien-pensants", de ceux qui sont les premiers à mépriser celles (ou ceux) qui l'exercent. Et plutôt que de juger, plutôt que de mépriser, pourquoi ne pas s'interroger sur les raisons qui peuvent pousser ces personnes à recourir à ce métier ?
Hanna, à travers son témoignage, nous pousse à la réflexion et à l'indulgence. On ne peut que s'attacher à cette jeune fille au regard acéré, au récit de cette vie pleine de complications et de jugements, à l'amour qui unit une mère et sa fille, et à l'espoir et au courage qu'une simple rencontre peut éveiller.
En bref...
Une fille de... est un roman percutant sur la prostitution et, plus particulièrement, sur l'impact qu'un tel métier peut avoir sur la vie de l'enfant de celle (ou celui) qui l'exerce. Les paroles de cette fille de prostituée, sans être plaintives, nous touchent. C'est un regard réaliste, mais teinté d'optimisme, qu'elle nous offre là. Incisif, ce court roman sur un sujet difficile, et malheureusement toujours très actuel, nous pousse à la tolérance et à la réflexion. Je le recommande vivement, pour son héroïne et pour son message.
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