Je continue mon exploration de la collection Une Heure-Lumière avec Acadie de Dave Hutchinson, cette fois-ci une novella purement SF, plus précisément un Space opera. Voici un sous-genre de la SF avec lequel j'ai parfois un peu de mal, notamment à cause de tous les détails technico-scientifiques sur les vaisseaux et autres technologies propres à cet univers qu'on y trouve et qui me passent un peu au-dessus de la tête. Mais en général, si un élément particulier attire bien mon attention (personnages intéressants, histoire bien menée, etc.), je peux mettre de côté cet aspect négatif (pour moi). Et c'est un peu ce qu'il s'est passé avec Acadie, déjà parce que c'est court donc les détails techniques sont moins importants, et aussi parce qu'à un moment survient un élément vraiment surprenant et ultra positif (pour la lecture en tout cas, pas forcément pour les personnages).
Bon, je pose l'histoire : Duke est Président malgré lui de la Colonie, une communauté spatiale aux allures d'utopie ayant fui la Terre et vivant dans un système solaire isolé pour se cacher de l'Agence, qui les recherche depuis plus de cinq siècles.
D'abord, pourquoi avoir fui la Terre ? Ceux qui ont construit la Colonie sont considérés comme des criminels car ils procédaient à des expériences sur le génome humain, ce qui est interdit dans leur pays. À force de contester l'autorité et de n'en faire qu'à leur tête, tout a fini par dégénérer au point de provoquer pas mal de morts. Ils ont donc dû fuir et ont construit leur propre communauté très très loin et bien cachés.
Ensuite, pourquoi Duke Président malgré lui ? Tout simplement parce qu'est élu Président de la Colonie une personne qui ne semble pas s'intéresser au pouvoir et, lors de la "période électorale", Duke était absent, ce qui a aussitôt porté l'attention du Conseil (dont les membres sont les véritables dirigeants de la Colonie) sur lui.
Donc, une communauté où tout le monde vit heureux, tranquille, où les gens peuvent modifier leur corps comme ils veulent, etc. etc.
Sauf qu'un jour surgit dans leur système une sonde terrienne, ce qui donne aussitôt l'alerte : l'Agence les a peut-être retrouvés. Dans le doute, Duke demande au Conseil de faire déménager la Colonie comme le veut le protocole d'extrême urgence...
Côté personnages, on peut difficilement s'y attacher excepté un, puisqu'on en voit pas mal mais assez rapidement. En fait on ne s'attarde vraiment que sur Duke, qui est le narrateur de l'histoire. Un ancien avocat qui a décidé de quitter l'Agence, pour qui il travaillait, en les dénonçant publiquement. C'est un personnage assez cynique, ce qui est plutôt sympa puisque ça nous fait découvrir la Colonie d'un œil critique.
J'ai trouvé plutôt amusant le fait que les membres du Conseil soient tous représentés sous l'aspect de personnages de la culture populaire de la fin du XXe siècle (elfes, orcs, zombies, Dark Vador, etc.). Après, si on oublie le côté sympa de ces références et qu'on réfléchit un peu, c'est quand même pas trop crédible toutes ces transformations génétiques. Alors oui, la dirigeante du Conseil est la meilleure généticienne et ils ont fait de terribles avancées, mais la foire aux créatures de fiction ça fait peut-être un peu trop.
Toutes ces histoires de modifications génétiques mène à tout un questionnement sur l'éthique : jusqu'à quel point peut-on se permettre de jouer avec nos gènes sans que cela empiète sur notre humanité ? De telles avancées méritent-elles de tels sacrifices ? etc. Malheureusement je trouve que les réflexions amorcées par l'auteur dans ce texte sont finalement survolées, il n'approfondit rien ici, se contentant de déclencher notre questionnement sans rien développer derrière.
Au niveau de l'écriture, je l'ai trouvée très lisible malgré les termes technico-scientifiques qui sont de rigueur dans ce genre de récits (j'ai tendance à lire très rapidement ces passages-là), d'un style pas du tout ronflant, mais pas non plus exceptionnel.
L'intrigue n'est pas des plus originales, c'est un schémas qu'on retrouve assez fréquemment dans les space opera (du moins parmi ceux que je connais). En gros ce serait un texte plutôt classique, sympa à lire mais sans plus, si c'était sans compter le super twist final. Franchement je ne m'attendais pas du tout à un tel dénouement, je me suis pris la surprise de plein fouet et c'était juste génial. Voilà qui rehausse le niveau de ce récit ! Heureusement quand même qu'il s'agit d'une novella, je ne pense pas que j'aurais supporté 300 pages de lecture moyenne avant de parvenir à un élément aussi intéressant.
En bref...
Acadie, c'est une novella space opera somme toute classique, sans grande originalité si ce n'est sa fin des plus surprenantes. L'auteur nous mène habilement en bateau, mais il aurait pu faire bien mieux : hormis le personnage principal, les autres ne sont pas développés (ça aurait pu donner plus de poids à la révélation finale), tout comme les réflexions qu'il soulève dans son texte. L'intrigue quant à elle reste assez banale, même si on peut considérer que ça aide grandement à créer l'effet de surprise. Un court récit plutôt quelconque, donc, qui renferme toutefois quelques bons tours.
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