Dans leur collection jeunesse "D'une seule voix", Acte Sud publie les monologues d'adolescents en prise avec des problématiques personnelles actuelles qui parviennent le plus souvent à toucher le public visé.
Dans Aigre-doux, qui aborde le sujet de la discrimination, nous avons affaire à un adolescent qui en a marre. Marre qu'on le rapporte toujours à sa couleur de peau, qu'on lui pose toujours la question de ses origines alors qu'il est né en France, vit en France. Marre qu'on le lie à la cité où il habite, qu'on le juge en fonction de ça. Et c'est vrai que certains adultes ont tendance à avoir des idées assez arrêtées sur la personnalité d'un enfant à cause de sa condition sociale ou autres éléments qui ne dépendent pas de lui. Et parce que tout le monde a décidé de l'enfermer dans une certaine catégorie, il fait ce qu'on attend de lui : il travaille mal, il se comporte mal, y compris avec sa mère qui veut décider de son futur à sa place. C'est un cercle vicieux dans lequel il s'est enlisé. Il ne tient alors qu'à lui de choisir d'en sortir, ou pas.
C'est un texte plutôt intéressant de par sa thématique, mais je n'ai pas du tout accroché au personnage. Il s'interroge sur son avenir, que les adultes essayent de tracer à sa place ; sur ses origines puisqu'il ne connaît pas son père est parti ; sur sa place dans la société, au milieu des autres, dans ce monde qui juge si facilement. Et toutes ces interrogations sont pertinentes. Mais j'ai trouvé le personnage un peu de mauvaise foi, surtout en ce qui concerne sa copine. En fait pendant tout son monologue, il attend sa petite-amie qu'il a repoussée parce que ses amis lui ont posé la fameuse question sur ses origines. Il veut lui présenter ses excuses et lui donne rendez-vous : pendant cette attente, il explique son ras-le-bol. Mais plus il attend, plus il en a marre de l'attendre, et plus il se met à la juger, à la mettre dans le même panier que les autres. Je n'ai pas apprécié ça : après tout, elle a peut-être eu un empêchement ou bien elle lui fait encore la tête parce qu'il n'avait aucune raison de la repousser alors qu'elle essayait de l'aider. Donc en gros il râle parce qu'on le juge trop hâtivement, mais il fait pareil. Mau-vai-se foi.
Et puis un monologue d'une personne qui ne fait que se plaindre, même s'il finit par se décider à se bouger enfin un peu pour que les choses changent, ça me soûle vite. Même s'il a de bonnes raisons d'être en colère, il n'est pas forcé de se comporter ainsi. Pas obligé d'insulter sa mère qui ne fait qu'essayer de lui donner un avenir meilleur : il pourrait juste lui dire ce qu'il veut et ne veut pas, discuter avec elle plutôt que de crier. Mais c'est mon regard en tant qu'adulte. Je pense qu'un lecteur adolescent s'y retrouverait davantage, comprendrait mieux le personnage.
En bref...
Aigre-doux est un court monologue qui plaira probablement aux adolescents mais auquel je n'ai pas particulièrement accroché. Certes le sujet de la discrimination abordé via le point de vue d'un ado est intéressant, mais le personnage se plaint trop et possède finalement les mêmes défauts que ceux qu'il critique.
Ce n'est pas le meilleur texte que j'ai pu lire de cette collection qui donne la parole aux ados : Tout foutre en l'air de Antoine Dole et Pas couché de Cathy Ytak, par exemple, ont largement ma préférence.
Dans Aigre-doux, qui aborde le sujet de la discrimination, nous avons affaire à un adolescent qui en a marre. Marre qu'on le rapporte toujours à sa couleur de peau, qu'on lui pose toujours la question de ses origines alors qu'il est né en France, vit en France. Marre qu'on le lie à la cité où il habite, qu'on le juge en fonction de ça. Et c'est vrai que certains adultes ont tendance à avoir des idées assez arrêtées sur la personnalité d'un enfant à cause de sa condition sociale ou autres éléments qui ne dépendent pas de lui. Et parce que tout le monde a décidé de l'enfermer dans une certaine catégorie, il fait ce qu'on attend de lui : il travaille mal, il se comporte mal, y compris avec sa mère qui veut décider de son futur à sa place. C'est un cercle vicieux dans lequel il s'est enlisé. Il ne tient alors qu'à lui de choisir d'en sortir, ou pas.
C'est un texte plutôt intéressant de par sa thématique, mais je n'ai pas du tout accroché au personnage. Il s'interroge sur son avenir, que les adultes essayent de tracer à sa place ; sur ses origines puisqu'il ne connaît pas son père est parti ; sur sa place dans la société, au milieu des autres, dans ce monde qui juge si facilement. Et toutes ces interrogations sont pertinentes. Mais j'ai trouvé le personnage un peu de mauvaise foi, surtout en ce qui concerne sa copine. En fait pendant tout son monologue, il attend sa petite-amie qu'il a repoussée parce que ses amis lui ont posé la fameuse question sur ses origines. Il veut lui présenter ses excuses et lui donne rendez-vous : pendant cette attente, il explique son ras-le-bol. Mais plus il attend, plus il en a marre de l'attendre, et plus il se met à la juger, à la mettre dans le même panier que les autres. Je n'ai pas apprécié ça : après tout, elle a peut-être eu un empêchement ou bien elle lui fait encore la tête parce qu'il n'avait aucune raison de la repousser alors qu'elle essayait de l'aider. Donc en gros il râle parce qu'on le juge trop hâtivement, mais il fait pareil. Mau-vai-se foi.
Et puis un monologue d'une personne qui ne fait que se plaindre, même s'il finit par se décider à se bouger enfin un peu pour que les choses changent, ça me soûle vite. Même s'il a de bonnes raisons d'être en colère, il n'est pas forcé de se comporter ainsi. Pas obligé d'insulter sa mère qui ne fait qu'essayer de lui donner un avenir meilleur : il pourrait juste lui dire ce qu'il veut et ne veut pas, discuter avec elle plutôt que de crier. Mais c'est mon regard en tant qu'adulte. Je pense qu'un lecteur adolescent s'y retrouverait davantage, comprendrait mieux le personnage.
En bref...
Aigre-doux est un court monologue qui plaira probablement aux adolescents mais auquel je n'ai pas particulièrement accroché. Certes le sujet de la discrimination abordé via le point de vue d'un ado est intéressant, mais le personnage se plaint trop et possède finalement les mêmes défauts que ceux qu'il critique.
Ce n'est pas le meilleur texte que j'ai pu lire de cette collection qui donne la parole aux ados : Tout foutre en l'air de Antoine Dole et Pas couché de Cathy Ytak, par exemple, ont largement ma préférence.
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