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samedi 18 juillet 2020

8 ans à peine - Ségolène de Margerie




Un roman qui traîne sur mes étagères depuis quelques années et que j'avais acheté au Salon du livre. L'auteur me l'avait plutôt bien vendu, du moins c'est ce dont je me souviens, mais si je l'ai acheté c'est que ce devait être le cas. Étant donné la couverture, avec les traces de mains ensanglantées, je m'attendais à un thriller bien intense. Mais non. Petite déception, donc, malgré quelques "bonnes" surprises.

Si vous lisez le résumé de la quatrième de couverture, vous ne saurez pas vraiment de quoi parle ce livre à part qu'une famille vient de vivre un drame : on a juste un extrait puis une vague présentation du roman pour en vanter les qualités ("intense", "poignant", "palpitant", etc.).
Bon du coup je vais expliciter un peu le sujet : Diane a découvert un secret tellement ignoble concernant son mari qu'elle a décidé de se suicider. Le problème c'est qu'elle ne s'est pas contentée de ça, elle s'est dit que ce serait mieux si elle emmenait sa fille Élise, pas encore âgée de huit ans, avec elle au Paradis. Comme un super voyage en famille. Pour la protéger de l'horreur que représenterait ce terrible secret. Sauf que madame n'est pas très douée : sa fille meurt, mais Diane s'est loupée et a été trouvée "à temps" par son père. La police conclut vite à un infanticide suivi d'une tentative de suicide. Le problème, c'est pourquoi ? Pourquoi une mère, qui paraissait plutôt équilibrée, tuerait son propre enfant ? Toute l'histoire tourne ainsi autour de cet acte odieux et de la raison qui a poussé cette femme à un tel acte.

Bon j'y vais franchement : le seul intérêt de ce roman, c'est le fameux secret. C'est la seule raison pour laquelle je l'ai lu jusqu'au bout. Parce qu'à part ça, à part ce besoin de savoir qu'il éveille, ce livre est plutôt ennuyant.
L'écriture est correcte, il n'y a pas de faute, les phrases sont bien tournées, etc. Le problème c'est que ça a beau être correctement écrit, ce n'est pas suffisant pour susciter des émotions. J'ai trouvé le texte plat, fade. Les passages censés être tristes ne m'ont pas touchée, les personnages non plus, d'ailleurs. En fait les seules émotions que j'ai ressenties sont : l'impatience car le récit est beaucoup trop lent et il y a pas mal de détails inutiles, et l'ennui car les personnages m'ont juste soûlée. Ah si, un peu d'excitation, mêlée à de l'incrédulité quand on découvre enfin la totalité du secret. En fait j'avais deviné dès le début la partie ignoble du secret découvert par Diane, mais je n'en avais pas saisi tous les détails : en gros j'étais contente d'avoir deviné juste. L'incrédulité c'est à cause de Diane : le fameux secret n'est en fait pas la seule raison de son acte, et ce qui s'ajoute rend ce personnage encore plus incompréhensible. En fait pour moi elle a juste complètement pété les plombs, parce que tous ces trucs ne sont pas des raisons valables pour tuer son enfant.
Donc en gros on est juste en mode OMG à la fin du livre, mais le reste du temps on s’ennuie ferme. Parce que le problème, c'est que l'auteur a tellement axé son histoire autour de ce secret, elle a tellement tenu à jouer le jeu des devinettes qu'elle n'a rien développé d'autre. Il y avait pourtant de quoi faire, autant du côté de l'enquête que des personnages. D'une, il n'y a pas vraiment d'enquête : on voit les flics de temps en temps, mais ils ne nous apprennent rien que l'on n'a pas déjà compris en suivant les autres personnages.
De deux, les personnages sont bâclés. On a l'impression de prime abord qu'ils sont bien développés parce qu'on a leur point de vue, etc. Mais au final on reste un peu en surface. La réaction de Henry, le père de Diane, qui veut faire tout bien comme il faut, n'est pas très crédible quand il découvre le secret. Victor, le mari de Diane, est juste un gros égoïste qui ne comprend rien et reste aveugle à tout sauf à sa satisfaction personnelle. Diane, de son côté, est finalement aussi égoïste que son mari et se laisse dépérir parce qu'elle a tué sa propre fille et ne pense qu'à une chose : la rejoindre.
Viktor (avec un "k") est un personnage assez particulier, il est le fils de Victor (avec un "c") issu d'une relation qu'il a eue avec une femme avant qu'il ne connaisse Diane. Victor ignorait l'existence de ce fils jusqu'à ce que la femme débarque pour le lui confier car elle n'avait plus d'argent pour s'en occuper. Cette apparition soudaine est arrivée assez récemment, donc quand Viktor a débarqué il avait déjà seize ans, et Diane a accepté de s'en occuper (elle était même sur le point de l'adopter). Je trouve que c'est le personnage qui a été le plus bâclé et qui pourtant était le plus intéressant. Le problème c'est que ça aurait donné trop d'indices, et c'est vraiment ça que je reproche à l'auteur : à trop vouloir jouer sur le mystère, elle a mis de côté des éléments importants qui auraient pourtant donné plus de consistance à son roman. Ce que je peux dire de Viktor sans trop en dévoiler : c'est un ado qui se cherche, en pleine quête d'identité (à la fois psychologique et sexuelle) et par conséquent particulièrement influençable, qui entre dans une famille, s'y attache pour que tout explose ensuite autour de lui. Il y avait vraiment de quoi faire avec lui, mais non, il a été vraiment survolé. Alors que bon... c'est quand même un personnage important...
Ce qui est intéressant quand un tel drame survient, c'est la réaction de la famille. D'un côté on a la famille du mari, de l'autre celle de l'épouse. Et chacune se demande ce qui a pu pousser cette femme à un tel acte, chacune y va de ses commentaires, de ses suppositions, de son jugement. C'est au moins un aspect qui a été abordé ici, un bon point donc, même si j'ai trouvé que les jugements étaient parfois un peu hâtifs. Mais bon, c'est un trait de caractère présent chez pas mal de gens donc ça reste crédible.

En bref...
8 ans à peine est un thriller psychologique malheureusement plutôt fade, sans réel intérêt si ce n'est la découverte du terrible secret qui a poussé une mère à tuer sa propre fille pour se suicider ensuite. Les personnages sont creux, l'écriture est certes correcte mais trop impersonnelle pour susciter l'émotion. On s'ennuie mais la curiosité nous pousse à suivre l'histoire jusqu'au bout, et les révélations finales sont comme un bon petit dessert après un repas sans saveur. C'est seulement là que l'on ressent enfin les choses : indignation, choc, incrédulité, colère. Un roman psychologique plutôt moyen, donc, dont le niveau est toutefois rehaussé par une fin qui dévoile des vérités particulièrement malsaines.

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