Dette de sang est une série d'urban fantasy M/M dont le premier tome, Un paquet d'os et d'or, m'a agréablement surprise. J'avais peur que ce soit un de ces énièmes titres de ce genre, à présent très (trop ?) répandu, qui suivent le courant sans être d'un grand intérêt. Heureusement ce n'est pas le cas de celui-ci, dont l'univers et les personnages m'ont beaucoup plu.
L'histoire se déroule à notre époque, dans un univers qui aurait pu être le nôtre si une certaine révélation n'était pas survenue. En effet, lorsque les hommes se sont rendus compte que la magie existait, ils se sont mis à croire de nouveau, ce qui a permis le retour des dieux mythologiques. L'organisation du monde tel que nous le connaissons a alors nécessité certains changements, comme des agences gouvernementales spécialisées dans les crimes liés à la magie.
Patrick Collins est un Magister (le rang le plus élevé pour les mages) qui a servi pendant des années en tant que Magister de combat dans l'armée. Mais suite à une blessure particulièrement grave qui a impacté sa capacité à utiliser sa magie il y a de cela trois ans, il a été transféré dans la division d'intervention rapide de l'AOS, un service national de renseignements. Depuis quelques mois, un nombre important de personnes tuées selon le même mode opératoire inquiète le BCS (Bureau des Crimes Surnaturels), qui demande alors l'aide de l'AOS. Patrick est envoyé pour enquêter sur cette affaire et comprend assez vite que tous ces crimes pourraient être l’œuvre de la Secte Dominion, qu'il a déjà combattue auparavant et qui représente un véritable cauchemar pour lui depuis son enfance. L'objectif des membres de cette secte est de pouvoir utiliser les pouvoirs des dieux pour en devenir eux-même, ce qui serait une véritable catastrophe.
Au cours de son enquête, Patrick va notamment faire la rencontre de Marek Taylor, un voyant multimilliardaire qui s'avère être une cible de la secte, et de Jonothon de Vere, un magnifique seigneur loup-garou sans meute auquel les Oracles ordonnent de rester à ses côtés pour le temps de l'enquête. Patrick et Jono n'ont donc pas le choix de faire équipe, ce qui n'est peut-être finalement pas pour leur déplaire, eux qui sont indéniablement attirés l'un par l'autre.
Mais toute cette affaire va éveiller l'attention des dieux sur Patrick, qui lui rappellent alors sa dette envers eux et l'urgence de réussir là où il a autrefois échoué.
J'ai trouvé l'univers de ce roman assez intéressant et riche, avec ce retour des divinités de diverses mythologies dans notre époque moderne et les particularités de l'utilisation de la magie (le nexus est une sorte de source de magie dans laquelle les mages peuvent puiser à travers ce qu'ils appellent les lignes de Ley). Après ce n'est pas le premier roman d'urban fantasy à utiliser la mythologie, mais j'ai trouvé que dans ce premier tome l'univers est bien amené et suffisamment développé pour que l'on comprenne les enjeux qui en découlent.
Les personnages sont bien traités, les principaux comme les secondaires.
Patrick a un passé trouble et traumatisant qui le lie de manière irréversible à la fois aux dieux et à la Secte Dominion qui a détruit sa famille. C'est pourquoi cette enquête va être particulièrement difficile pour lui. Patrick est un personnage solitaire, non par choix mais par nécessité, son handicap magique (suite à sa blessure grave) le rendant dangereux pour ses partenaires de travail, et son passé l'empêchant de se lier trop intimement aux autres. Patrick est aussi très têtu, a du mal à obéir aux ordres et adore emmerder les gens. Un personnage que j'ai beaucoup aimé, donc.
Jonothon (ou Jono) est le personnage sexy de l'histoire, celui qui attire le héros comme la lumière attire le papillon. Il n'est pas aussi bien développé que Patrick, car nous le voyons moins, l'histoire nous étant racontée du point de vue du mage bien que quelques chapitres nous montrent celui du loup. On peut néanmoins dire que c'est un homme sûr de lui (et de ses charmes) et tout aussi têtu que Patrick, ce qui rend leurs confrontations assez sympas. Jono est lui aussi un personnage assez solitaire, pas non plus par choix. En effet, il est un seigneur-loup vivant sur un territoire appartenant déjà à deux seigneurs-loups qui ne veulent pas de lui. Mais Marek l'ayant lui-même fait venir à New York par ordre des Oracles, ils n'ont pas eu le choix que d'accepter sa présence, à la condition qu'il ne forme pas de meute. Certes il fréquente une meute qui les considère lui et Marek comme de leur famille, mais il ne peut pleinement en faire partie, ce qui le fait se sentir seul. Jono est un personnage que j'ai bien aimé, mais j'espère qu'il sera davantage développé dans la suite.
Au départ, j'ai trouvé que la relation entre Patrick et Jono allait bien trop vite. Mais il faut prendre en compte plusieurs facteurs : Jono n'est pas n'importe qui (je n'en dis pas plus) et Patrick est en manque de sexe depuis un bon bout de temps. Mais surtout, et je l'ai compris assez tardivement : il ne s'agit pas d'amour, à aucun moment ils se disent amoureux. Il s'agit plutôt d'une attirance physique à laquelle s'ajoute, à cause des événements vécus, une confiance mutuelle qui pourrait surprendre étant donné le caractère de Patrick. Mais il ne faut pas oublier que tous deux se sentent terriblement seuls et désirent (inconsciemment ou pas) appartenir à une famille. Patrick dit lui-même, à un moment donné, ne simplement plus avoir envie de lutter pour garder ses barrières dressées en la présence de Jono. S'ils s'étaient aussitôt dits amoureux, j'aurais bien moins adhéré, mais ce n'est pas le cas, alors finalement j'ai trouvé cette relation plutôt intéressante.
Outre ces deux personnages, d'autres m'ont bien plu, comme certains membres de la meute amie de Jono qui ont des caractères assez prononcés et sont très protecteurs vis-à-vis de leurs deux amis. Et puis il y a les dieux, dont la puissance dépend des prières des hommes, et qui se fondent parmi eux pour créer leur propre culte (comme Héra et Zeus, les petits malins) ou simplement vivre au jour le jour (comme Hermès, un personnage qui m'a bien amusée). Des dieux qui ne pensent qu'à leur survie en se moquant des problèmes humains, et qui pourtant sont menacés par une puissante secte au point de nécessiter l'aide de ceux-là même qu'ils méprisent pour leur faiblesse et leur mortalité.
L'intrigue est bien menée et équilibrée. À aucun moment la relation Patrick/Jono ne prend le pas sur l'enquête, ce qui est plutôt agréable, et les scènes d'actions sont assez bien réparties dans le récit, alternant ainsi avec des passages moins intenses mais tout aussi intéressants qui nous permettent de reprendre notre souffle. L'enquête que mène Patrick éveille notre intérêt et nous suivons l'histoire avec curiosité jusqu'à la fin. Le combat final est assez intense et bien narré et, ce que j'ai bien
aimé, ne constitue pas la fin du roman. Certains s'arrêtent souvent un
chapitre après celui du combat final, histoire de faire un petit
compte-rendu de la situation des personnages après ce fameux événement.
Mais ce n'est pas le cas ici : on a quatre chapitres (soit une trentaine
de pages) qui continuent l'histoire après la bataille. De quoi nous
permettre de découvrir tranquillement la manière dont les personnages se
remettent de tout cela et leurs choix pour la suite de leur histoire.
J'ai trouvé la plume de l'autrice plutôt bien travaillée et fluide, ce qui a rendu toute cette aventure agréable à lire. Par contre il y a quelque chose qui m'a embêtée durant ma lecture, mais je n'arrivais pas à bien cerner ce dont il s'agissait. Puis j'ai lu la chronique de Gilwen du blog "Livrement vôtre" (que vous pouvez trouver ici), et là j'ai enfin pu mettre le doigt sur ce qui m'a dérangée. Le suspense est au rendez-vous, certes. Mais l'autrice, voulant probablement le faire durer au maximum, joue avec cela parfois de manière tellement maladroite qu'à certains moments j'ai eu l'impression d'avoir loupé des éléments importants alors que ce n'était pas le cas (ils avaient simplement été volontairement omis pour être révélés plus tard). Du coup c'était un peu perturbant, mais pas au point de gâcher ma lecture, heureusement.
En bref...
Un paquet d'os et d'or nous fait entrer dans un univers moderne où la magie est omniprésente et les dieux mythologiques jouent, comme à leur habitude, avec le destin des hommes. Les personnages sont assez bien traités, et les relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres sont intéressantes et bien équilibrées au sein d'une intrigue pleine de suspense (amené parfois un peu maladroitement) et d'actions qui culminent en un combat final plutôt intense. Une très bonne surprise.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire