Love crescendo est le premier roman de Tillie Cole que je lis. Au vu des nombreux avis ultra positifs sur ce livre, je m'attendais à une superbe histoire. J'ai été grandement déçue.
Cromwel est synesthète, ce qui signifie que certains de ses sens sont associés. Dans son cas, les sons sont associés à des couleurs (entre autres). Enfant, cette particularité a fait de lui un prodige dans le milieu de la musique classique. Mais suite à la mort de son père, un militaire disparu en mission, il a tout abandonné. Aujourd'hui, à 19 ans, il est un DJ renommé, fuyant dans les couleurs aveuglantes que la musique électro crée autour de lui. Un jour il fait la rencontre de Bonnie, qui n'est pas du tout séduite, que ce soit par sa musique qu'elle trouve sans âme ou par la personne froide qu'il est devenue. Une rencontre fortuite et éphémère qui va pourtant bouleverser les certitudes du jeune homme car, sans le savoir, Bonnie a commencé à réveiller quelque chose en lui. Quand leurs routes se croisent de nouveau, Cromwell va se montrer particulièrement détestable avec elle. Et lorsqu'ils sont amenés à travailler ensemble pour un projet universitaire, Bonnie comprend que ce ne sera pas de tout repos...
Bon, je vais être directe : je n'ai pas du tout accroché au style de l'autrice.
Premier point qui m'a déplu dans l'écriture de cette histoire : elle est racontée au passé composé. J'ai trouvé ça assez désagréable, car pour moi ce n'est pas un temps adapté pour une longue narration. Dans de tels récits on utilise plutôt le présent ou le passé simple (et l'imparfait), le passé composé étant plutôt un temps adapté à l'oralité, donc à employer dans des discours directs (par exemple : un personnage qui raconte à un autre ce qu'il a fait à un moment passé).
Deuxième point, qui concerne cette fois-ci vraiment le style d'écriture de l'autrice : ses phrases. On a une juxtaposition de phrases (parfois très courtes), sans éléments de transition (ou trop peu), comme si les narrateurs énuméraient simplement des actions et des pensées. Du coup, dans la grande majorité du récit j'ai eu l'impression de lire un télégramme ("J'ai levé un sourcil. [stop] Il m'a tendu la main. [stop] Je la lui ai serrée sans enthousiasme. [stop]"). Une écriture bien trop hachée à mon goût, donc, qui m'a empêchée d'entrer vraiment dans l'histoire.
Troisième point que j'ai trouvé pas terrible : les descriptions. Autant l'autrice s'attarde sur les descriptions qui touchent à la musique (les sons, les couleurs, les sensations, etc.), ce que j'ai trouvé très intéressant, autant elle passe très vite sur le reste. Les personnages sont peu décrits, ou plutôt de manière très peu recherchée : par exemple, Cromwell est brun, percé et tatoué, et c'est ce qui est dit (grosso modo) à chaque fois que Bonnie le décrit. Les descriptions de lieux sont très brèves et, même si c'est souvent le cas dans les romances (contrairement aux romans de fantasy, par exemple, où les descriptions de lieux sont bien plus fournies car très importantes), j'ai trouvé ça dommage car cela m'aurait permis de mieux me projeter.
Je passe maintenant à l'intrigue et aux personnages, pour lesquels je suis assez mitigée.
Franchement, au début j'ai vraiment pensé que les personnages n'avaient aucun intérêt, car je les ai trouvés plutôt fades. Leurs personnalités, que ce soit celle de Bonnie, Cromwell, ou bien des personnages secondaires comme Easton (le frère de Bonnie), sont bien trop lisses. Il y a le bad boy détestable, la gentille fille sage et le rigolo de la bande. Heureusement ils prennent davantage de relief au fil de l'histoire et deviennent pour le coup plus intéressants, bien qu'ils auraient pu être bien mieux traités. La relation entre Cromwell et son père, que l'on découvre à travers des flash-back, et la culpabilité que le jeune prodige ressent depuis la disparition de son père, sont ce qui m'a le plus touchée (hé oui, ce roman est quand même parvenu à me toucher un petit peu). J'ai eu plus de mal avec la relation entre Cromwell et Bonnie car elle évolue bien trop rapidement : il passe son temps à être désagréable avec elle, puis un jour il se décide à être sympa et hop ! Bonnie est aussitôt séduite. Cela rend la relation peu crédible, surtout qu'elle stagne ensuite pendant une bonne partie du roman avec des "oh je t'aime, je serai toujours là pour toi" & co). Quant à la relation entre Bonnie et son frère jumeau Easton, qui est décrite comme très forte, l'un ne pouvant vivre sans l'autre, je l'ai trouvée trop peu présente. On les voit très peu ensemble, ce qui est surprenant pour des personnes si proches et vu ce qu'il se passe vers la fin. Plein de bonnes idées, donc, mais assez mal exploitées.
Il en va de même pour l'intrigue, qui pèche par son manque d'originalité et sa prévisibilité. Car au final, tout ce qui rend l'histoire un tant soit peu originale, c'est le fait que Cromwell est un synesthète sons-couleurs, ce qui nous permet de découvrir la musique sous un autre angle, un angle différent et très intéressant. Et le problème est que, peu importent les événements qui surviennent, on les voit arriver à des kilomètres. Il n'y a aucune surprise, à aucun moment, ce qui est particulièrement frustrant. D'autant plus qu'il y avait quand même matière à créer une histoire bluffante.
En bref...
Love crescendo est une romance originale pour sa thématique qui tourne autour de la synesthésie sons-couleurs, permettant ainsi de découvrir la musique sous un autre jour. Malheureusement le style simpliste de Tillie Cole dessert l'histoire, dont l'originalité est noyée sous les clichés (qu'il s'agisse des personnages ou des dialogues) et un scénario terriblement prévisible. Quelques passages touchants, mais globalement décevant.
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