Troisième roman de Morgane Moncomble après Viens, on s'aime et Aime-moi je te fuis que j'avais beaucoup aimés, Nos âmes tourmentées est pour moi un petit coup de cœur.
Voici le résumé éditeur :
"Lorsqu'Azalea revient à Charleston, sa ville natale, ce n'est pas de
gaîté de cœur. Elle a préféré partir quelques années auparavant pour
échapper à des souvenirs pénibles et pour mettre le plus de distance
possible entre elle et ceux qui lui ont fait du mal. Sa mère, avec qui
elle n'avait plus aucun lien, vient de mourir lui laissant sa maison et
une succession à régler. La voilà de nouveau dans la maison familiale,
pour un temps qu'elle espère le plus bref possible.
Jusqu'à ce qu'elle fasse la connaissance d'Eden, son nouveau voisin. Il est charmant, amusant, différent des hommes qu'elle a rencontrés jusqu'alors. Il lui donne envie de changer, de bousculer le fragile équilibre qu'elle avait trouvé loin d'ici. Peut-être même de céder à son attirance. De vivre heureuse à nouveau tout simplement. Mais cela impliquerait de rester à Charleston. Est-elle capable de faire table rase du passé, d'oublier tout ce qui s'est passé ici ? Eden a ses propres fêlures mais il est prêt à l'aider.
Azalea a un long chemin à parcourir mais il pourrait la conduire vers l'amour et le bonheur."
Jusqu'à ce qu'elle fasse la connaissance d'Eden, son nouveau voisin. Il est charmant, amusant, différent des hommes qu'elle a rencontrés jusqu'alors. Il lui donne envie de changer, de bousculer le fragile équilibre qu'elle avait trouvé loin d'ici. Peut-être même de céder à son attirance. De vivre heureuse à nouveau tout simplement. Mais cela impliquerait de rester à Charleston. Est-elle capable de faire table rase du passé, d'oublier tout ce qui s'est passé ici ? Eden a ses propres fêlures mais il est prêt à l'aider.
Azalea a un long chemin à parcourir mais il pourrait la conduire vers l'amour et le bonheur."
L'histoire nous est racontée selon le point de vue des deux personnages principaux, Azalée et Eden.
Azalée tient un podcast, "Dear Patriarchy", dans lequel elle dénonce les inégalités hommes/femmes, met en avant le droit de chaque femme d'être comme elle est sans avoir à se préoccuper du regard des autres, raconte des témoignages de personnes ayant vécu des expériences traumatisantes (viol, harcèlement, agression, etc.). Ainsi, au début de presque tous les chapitres d'Azalée nous avons un extrait de son podcast, et c'est quelque chose que j'ai beaucoup apprécié. Azalée est une personne qui a vécu un grand traumatisme et, pour essayer d'oublier cette souillure dont elle n'a jamais parlé à personne, elle s'est éloignée de ses amis et s'est mise à coucher avec beaucoup de garçons, ce qui lui a valu une réputation de traînée. Parce qu'elle n'en pouvait plus, et parce qu'elle a perdu tous ceux qui lui étaient chers, elle a décidé de partir le plus loin possible, mais n'a jamais pu oublier. Devenue indéniablement féministe, Azalée se sert de ce podcast pour essayer d'aider les (potentielles) victimes de discrimination, de viol, etc. Aide qu'elle n'a pas pu avoir lorsqu'elle en a eu le plus besoin. Mais lorsqu'elle revient à Charleston, elle a la chance de faire la connaissance d'Eden, qui va justement lui apporter ce soutien. Car même si elle joue les femmes fortes et indépendantes, toutes ces ombres qui planent au-dessus d'elle deviennent trop lourdes à porter seule. Et au fond d'elle existe toujours cette ado effrayée et traumatisée par la trahison de ces personnes en qui elle avait confiance. J'ai trouvé en Azalée un être profondément meurtri et particulièrement touchant, un être fier et fort mais avec aussi ses faiblesses, et un humour décapant. Un personnage très bien construit face auquel on ne peut rester insensible.
Eden m'a moins touchée, probablement parce qu'on reste surtout centré sur Azalée et ce qu'elle défend, mais il n'en est pas moins intéressant pour autant. Il a lui aussi eu une enfance assez sombre et, à cause de cela, a autrefois fait quelques bêtises. Aujourd'hui il en paie les conséquences et fait tout pour rattraper ses erreurs afin d'obtenir enfin ce qu'il souhaite le plus au monde. Lorsqu'il rencontre Azalée, dont il est le voisin, il sait d'instinct qu'elle ne sera pas qu'une passade et va tout faire pour la séduire, en lui montrant avant tout qu'elle peut compter sur lui, peu importent ses problèmes. Et il va avoir besoin d'une bonne dose de détermination pour parvenir à passer les barrières qu'elle s'est construites. Parce qu'Azalée est bien décidée à ne pas se laisser séduire facilement. Leur rencontre m'a d'ailleurs bien amusée, comme leurs joutes verbales et les mauvais tours qu'ils se jouent l'un à l'autre à tour de rôle. Cela permet de donner au roman une petite touche de légèreté face aux sujets difficiles qui y sont abordés.
Les autres personnages qui gravitent autour de ces deux-là sont tout aussi bien traités, chacun ayant une personnalité propre avec des qualités et des défauts. J'ai particulièrement apprécié Alec, atteint du syndrome d'Asperger, symbole même de l'innocence et de l'honnêteté ; une bonne bouffée d'air frais dans cette ville d'hypocrites.
On pourrait reprocher à cette romance de prôner le féminisme, l'acceptation de soi peu importe son apparence, etc. tout en mettant en scène des personnages principaux au physique avantageux : Azalée est décrite comme une femme magnifique, mince, bien proportionnée, à la belle chevelure rousse, et Eden comme un homme beau, grand et musclé (et tatoué ! le parfait bad boy qui n'en est pas un). Mais c'est ce qu'on trouve dans la plupart des romances, car c'est ce que la majorité du lectorat de romances recherche (soyons honnêtes). Après, être beau n'est pas forcément quelque chose de positif : on peut très bien être complexé par son physique (c'est le cas d'Azalée qui se trouve maigre et qui déteste que l'on fasse des compliments ou autres remarques sur sa silhouette ou son poids) et l'important c'est comment l'on se sent et non comment les autres nous voient ; certains pensent qu'une femme ne peut pas être belle et intelligente ; ou parfois les gens estiment que tu n'as pas à te plaindre de ta vie parce que t'es canon (si si, j'ai déjà entendu des gens dire ça), alors que les merdes, ça arrive à tout le monde. Et puis nous n'avons pas tous la même perception de ce qu'est un bel homme ou une belle femme : Azalée est magnifique sous le regard d'Eden, c'est principalement lui qui nous la décrit, et inversement nous découvrons Eden selon le point de vue d'Azalée. Ce sont eux qui se trouvent mutuellement beaux. Mais il y a des gens qui préfèrent les femmes plus pulpeuses ou les hommes moins musclés. Il m'est d'ailleurs arrivée de ne pas aimer la description d'un personnage masculin pourtant considéré comme un beau gosse dans l'histoire. Chacun ses goûts, quoi. Donc oui, nos personnages principaux sont décrits comme ayant un beau physique, ce qui est le cas dans la majorité des romances, mais cela n'enlève rien au réalisme de l'histoire ni à la pertinence des propos mis en avant dans ce roman.
Et il ne s'agit pas là d'une romance légère. Les thèmes abordés dans ce roman sont durs, car ici on parle de viol, de harcèlement, de maltraitance, de suicide... Azalée et Eden vont devoir faire face à beaucoup de noirceur avant de parvenir à trouver enfin le bonheur qu'ils méritent. Cette romance est d'autant plus forte que les drames qu'ils ont vécus, et qu'ils vont vivre, sont sombres.
La plume de Morgane Moncomble dessert à merveille le réalisme de cette histoire, qui a été pour elle très difficile à écrire. L'intrigue est bien menée et tout à fait crédible, même si je lui reproche d'avoir parfois pris quelques raccourcis et qu'il y a quelques manques dans ce récit. Si l'autrice prend son temps au départ pour commencer en douceur la relation entre Azalée et Eden, les choses se précipitent peut-être un peu trop vers la fin. J'aurais aimé en voir davantage : une dernière rencontre entre la nouvelle épouse, sa fille et Azalée, qui mérite franchement des excuses, n'aurait pas été du luxe ; ou encore que l'on puisse suivre plus longuement Azalée dans sa phase de guérison (je ne peux pas trop en dire sans dévoiler des points importants du récit), que je trouve tout de même essentielle étant donné que l'intrigue tourne autour de son traumatisme. Des éléments manquants qui sont pour moi importants et qui font que cette romance n'est pas un gros coup de cœur (mais un petit quand même).
En bref...
Nos âmes tourmentées est une romance qui ne laisse pas indifférent. À travers l'histoire d'Azalée et Eden, deux êtres ayant vécu une expérience traumatisante, Morgane Moncomble aborde des thématiques difficiles et malheureusement toujours très actuelles, telles que le viol, le harcèlement, la maltraitance, le suicide... Donc si vous cherchez une romance légère, passez votre chemin. Ses personnages attachants et les drames qui surviennent bouleversent, et l'on ne souhaite alors qu'une chose : que la vérité enfin éclate (et surtout que tout le monde accepte d'y croire), et que chacun puisse enfin guérir et aller de l'avant. Même si la fin aurait mérité un meilleur développement, l'intrigue est globalement bien menée et tout à fait réaliste, et servie par une plume percutante et pleine d'humour. Car pour des sujets aussi sérieux et durs, un peu d'humour n'est pas de trop, et l'autrice a trouvé un très bon équilibre entre ces différents tons.
C'est un petit coup de cœur pour moi, peut-être que ce sera pour vous un gros coup de cœur ou simplement une bonne lecture. Dans tous les cas, c'est un roman à découvrir, ne serait-ce que pour les idées qu'il défend.
Pour moi, ce livre est un sacré coup de coeur.
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