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mercredi 23 septembre 2020

Helstrid - Christian Léourier

 

 
Je suis un peu mitigée en ce qui concerne ce titre de la collection UHL : dans un sens j'ai bien aimé ma lecture, dans un autre j'ai été un peu déçue car je m'attendais à mieux, d'autant plus qu'il a obtenu le Grand Prix de l'Imaginaire 2020 dans la catégorie Nouvelle francophone.

Helstrid, en fait, c'est une sorte de huis-clos entre un pilote, Vic, et l'IA du véhicule qu'il conduit, Anne-Marie. Vic travaille sur Helstrid, une planète à l'atmosphère toxique et aux températures extrêmement glaciales exploitée pour son minerai. Un jour, il doit accompagner un convoi de ravitaillement jusqu'à un avant-poste situé à plusieurs centaines de kilomètres de la base où il se trouve. Le problème, c'est qu'une tempête semble approcher, donc Vic ne doit surtout pas traîner. Heureusement, la survie du seul humain à bord de son véhicule étant sa priorité, l'IA est là pour s'assurer que tout se passe au mieux.
Ou pas.

Tout ça me donnait bien envie, car j'aime bien les histoires avec les intelligences artificielles, même si j'ai davantage l'habitude de les voir en film que de les lire. Je suis moins friande de tout ce qui est space/planet opera, mais il m'arrive d'être agréablement surprise quand je me décide à en lire. Là, le format étant court, je ne risquais pas grand-chose. Mais pour le coup, je me dis qu'un format plus long aurait peut-être été mieux pour cette histoire, car on manque grandement d'informations ici. Il y a pas mal de choses non expliquées, comme certains phénomènes qui surviennent et dont on ne comprend la nature à aucun moment. Les sujets abordés (l'exploitation de planètes, le suicide, l'IA, etc.) sont intéressants, mais pas assez développés. Parfois le format court est pratique, mais parfois il ne convient pas car il empêche un bon développement, nécessaire ici, à la fois de l'intrigue et de l'univers créé.

Du côté des personnages, ça va aller vite puisque nous n'en avons que deux (sauf au tout début et dans une conversation, mais je ne vais pas m'attarder sur eux) : Vic et Anne-Marie.
Vic est hanté par son ex qu'il aimait tellement que, lorsqu'elle l'a soudainement quitté, il est devenu dépressif et a décidé de partir pour Helstrid afin de changer de vie. Vic ne sert pas à grand-chose dans ce convoi, étant donné que l'IA gère tout et qu'elle est force de décision. Du coup, Vic apparaît comme un personnage un peu mou, trop passif. Il est centré sur sa rupture, dont il ne parvient toujours pas à se remettre, et son côté dépressif devient vite lassant. Heureusement il se décide enfin à se bouger un peu les fesses vers la fin pour survivre.
Quant à Anne-Marie, l'IA, on a vite envie de l'éteindre tellement elle est agaçante. Elle se montre invasive et moralisatrice, et passe son temps à contester les décisions de Vic. Elle veut se faire passer pour la plus humaine possible mais reste tout de même une machine, ce qu'elle ne cesse de répéter tout au long de l'histoire. Malgré cela, au fil de l'histoire, je me suis mise à la trouver intéressante (pour une raison en particulier dont je ne peux pas parler sans spoiler).
Bon en gros je n'ai pas vraiment apprécié les personnages excepté vers la fin du livre où ils deviennent plus... consistants.

En ce qui concerne le scénario, il reste très classique, rien de bien original. J'ai trouvé la première moitié un peu plate, je me suis un peu ennuyée, et le vocabulaire parfois un peu alambiqué utilisé par l'auteur ne m'a vraiment pas aidée (par exemple : il utilise les termes "noyau noétique" à la place d'Intelligence Artificielle pour parler d'une IA). J'ai davantage apprécié la deuxième moitié de l'histoire, où il se passe plus de choses. Sur le chemin, Vic rencontre plein d'obstacles qui empirent à chaque fois sa situation, et on en vient à se demander si Anne-Marie ne fait pas exprès de cumuler tous ces problèmes, car dès qu'elle semble en résoudre un, un autre survient. Du coup on ne peut s'empêcher de douter de la compétence ou de l'intégrité (à vous de choisir) de l'IA durant le récit, et c'est cet aspect-là que j'ai vraiment apprécié dans ce texte.
 
En bref...
Helstrid est un roman court de SF qui aurait peut-être mérité un format plus long, l'univers de cette planète particulièrement hostile et les sujets abordés nécessitant un meilleur développement que celui auquel nous avons droit ici. Ce huis-clos entre un pilote dépressif et l'IA de son véhicule est au départ un peu fade, mais prend du piquant au fil du voyage, au cours duquel surviennent de nombreuses complications qui nous poussent à nous interroger, à douter, à émettre des hypothèses qui donnent envie de lire la fin juste pour savoir si l'on a raison ou pas. Toutefois le thème homme/IA étant beaucoup utilisé en SF, il faut savoir innover pour rendre un récit original, ce qui n'est pas le cas ici, Helstrid restant finalement un roman de SF assez classique.

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