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lundi 31 août 2020

Vis ton rêve - Roland Godel

 

 
Grosse déception pour ce roman qui abordait pourtant un sujet intéressant.
 
Je mets le résumé éditeur, parce que c'est ce qui a contribué à me donner l'impression de m'être fait avoir :
Quand Nolwenn voit débarquer Hamidou dans sa famille, en Bretagne, il vient de faire un long et périlleux voyage depuis la Guinée. Hamidou a risqué sa vie pour rejoindre la France, il n'est pourtant pas au bout de ses peines. Au collège, personne ne croit en lui. On lui conseille un métier manuel alors qu'il adore étudier. Mais Hamidou a un rêve et compte s'y accrocher. Nolwenn le soutiendra contre vents et marées, avec toute la force de son cœur.
 
En lisant ce résumé, je m'attendais à lire l'histoire d'un combat, celui d'un ado Africain immigré qui doit s'imposer face aux préjugés s'il veut pouvoir réaliser son rêve. C'est peut-être ce qu'a voulu faire l'auteur, mais franchement ça ne se voit quasiment pas.
L'histoire se déroule en Bretagne et est racontée du point de vue de Nolwenn, dont les parents ont tendance à adopter des enfants étrangers pour leur donner une chance d'avoir une bonne vie. Déjà j'aurais trouvé plus intéressant d'avoir le point de vue de Hamidou, car je l'ai trouvé moins énervant que Nolwenn, qui passe son temps à se poser des questions sur son étrange attirance pour ce nouvel arrivant et à enchaîner les préjugés que Hamidou se fait un plaisir de contrer. Elle se décrit comme une personne mature, mais je n'ai pas trop perçu cette maturité. Pour moi c'est juste une collégienne comme une autre qui passe son temps à crier à l'injustice mais ne fait rien pour changer quoi que ce soit. Je sais que ce n'est pas évident pour un enfant de se dresser face à des adultes, mais elle n'a pas non plus beaucoup essayé.
Hamidou aurait pu être plus intéressant si l'auteur l'avait un peu plus travaillé, alors que c'est quand même lui le sujet principal. En gros il est très secret, garde tous ses problèmes pour lui sauf pour les dire à Nolwenn en lui faisant promettre de ne rien dire à personne (alors ok il ne veut pas embêter sa famille d'accueil, mais du coup ça ne l'aide pas du tout), et il veut faire des études pour devenir médecin alors qu'on veut l'obliger à apprendre un métier manuel. Il sort quand même quelques réflexions assez intéressantes (notamment sur les préjugés des gens envers lui, mais aussi les siens envers les Blancs), mais trop brèves, pas du tout développées. Alors oui c'est un roman court, mais franchement les passages un peu gnangnans auraient pu être mis de côté au profit de ces réflexions bien plus constructives.
 
L'auteur donne l'impression que les bretons sont des racistes bourrés de préjugés, c'est du moins comme cela que je l'ai perçu. Franchement ça m'a tuée quand le conseiller d'orientation lui balance : "Ici, en France, tu ne fais pas ce que tu veux, tu fais ce qu'on te conseille de faire". Quand Nolwenn et Hamidou chahutent dans la rue, une voisine crie à l'agression et fait circuler une rumeur selon laquelle Hamidou aurait l'habitude de faire des choses mauvaises à Nolwenn. Et lorsque les parents de Nolwenn apprennent cette rumeur, plutôt que de le défendre, ils demandent aux deux enfants d'essayer de ne pas attirer l'attention sur eux, etc. C'est un peu comme s'ils cautionnaient ces rumeurs, ce qui n'est pas logique étant donné les principes qu'ils disent défendre.

Tous ces préjugés à l'encontre de Hamidou, et son envie de devenir médecin en dépit de cela, auraient pu être vraiment intéressants si l'auteur en avait fait quelque chose. Parce que là, au final, on a rien.
Bon attention ici je spoile, mais c'est nécessaire pour expliquer mon immense déception. Hamidou voit que les gens sont contre lui, sauf éventuellement la famille de Nolwenn, alors il décide de fuguer. Et ça s'arrête là : il part rejoindre un cousin en Belgique pour avoir une chance de faire des études. Et c'est tout, ensuite on a un gros saut dans le temps et on le voit devenu médecin. Alors il est où son combat ? C'est çà que j'aurais aimé lire, cette lutte d'un ado immigré pour ses droits. Et qui a été complètement zappée ici.

En bref...
Un roman censé parler du combat d'un jeune immigré pour défendre ses droits et ses rêves, une lutte contre les préjugés envers les étrangers. Sauf que ce combat est survolé pour se concentrer sur les réflexions sentimentales d'une collégienne qui passe son temps à se plaindre (contre l'injustice, entre autres) sans jamais agir. Il y a tellement de textes qui traitent ce sujet de manière pertinente que celui-ci n'a pas grand intérêt.

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