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samedi 27 février 2021

Le Sanctuaire - Laurine Roux

 

 
De Laurine Roux, j'avais lu son premier roman, Une immense sensation de calme, dont j'avais aimé l'écriture poétique, l'ode à la nature, mais que j'avais cependant trouvé trop lent. Le Sanctuaire, son deuxième roman, me tentait pour cette idée de virus transmis par les oiseaux qui aurait quasiment détruit l'humanité. Je suis toujours curieuse quand un roman de littérature générale prend une base un peu fantastique ou SF. Et comme j'avais apprécié le style de l'autrice dans son précédent roman, je me suis lancée dans cette lecture. Et bien je n'aurais pas dû...

En gros, on suit la narratrice, Gemma, qui vit avec ses parents et sa grande-sœur au milieu des montagnes et des forêts, lieu qu'ils se sont appropriés et qu'ils nomment le Sanctuaire. Les raisons de cet exil nous sont données petit bout par petit bout, et l'on comprend à leur peur des oiseaux, qu'ils tuent dès qu'ils en voient un, que le danger vient d'eux, qu'un simple contact pourrait leur être mortel.
Gemma nous raconte donc son quotidien dans cet espace où la nature est reine, ses capacités de chasseuse, son besoin de rendre son père fier d'elle. En cela elle est le contraire de sa sœur, qui ne rêve que de partir, loin, voir le monde, retrouver l'insouciance d'autrefois. Car, contrairement à Gemma qui ne connaît que la vie d'après la catastrophe, June a vécu dans le monde d'avant, est allée à l'école avec d'autres enfants. Et c'est ce qui lui manque le plus : voir des personnes autres que sa famille. Pour June, le Sanctuaire est passé de refuge à prison.
Car seul le père a le droit de quitter le Sanctuaire, il est le seul à voir ce qu'est devenu le monde, à leur raconter de quelles abominations les hommes livrés à eux-mêmes sont capables. Et pour être sûr que ses filles appliquent bien les règles qu'il a lui-même édictées, il se montre particulièrement intransigeant, voire violent (les gifles viennent facilement, dès qu'on le contrarie). Quant à la mère, c'est une grande nostalgique qui ne cesse de raconter le monde d'avant. Elle est l'opposé de son mari, la douceur même, toujours à cajoler ses filles.

Au sein de cette famille, on sent que quelque chose cloche, sans forcément parvenir à comprendre quoi. En premier lieu, c'est la violence du père et la passivité de la mère qui m'ont étonnée : bon, le père veut protéger sa famille et il pense qu'en leur donnant de bonnes baffes quand elles désobéissent est un bon moyen de les empêcher de recommencer. Soit. Je ne suis pas contre une bonne fessée bien méritée, mais lui il a la main bien leste. Et la mère ne réagit pas plus que cela, se contentant de câliner ses filles après leur punition. Il y a donc déjà une certaine tension au sein du foyer.
Mais cela va s'accentuer avec la rencontre entre Gemma et un vieil homme vivant caché dans les montagnes. Ce qui va la troubler dans cette rencontre, c'est le fait qu'il vive entouré de rapaces et qu'il ne semble pas en être affecté. Gemma va alors s'interroger sur ces oiseaux qui la fascinent de plus en plus, bravant ainsi les interdits érigés par son père.
Bon, à partir de là, j'ai complètement bloqué. Je n'ai pas vu cela dans les commentaires que j'ai pu lire sur ce roman mais, sérieux, personne n'a été choqué par le comportement de ce vieil homme ? Le mec se masturbe à plusieurs reprises en présence de la gamine : la première fois en se frottant contre elle pendant qu'elle observe les rapaces, une autre fois dans un coin en observant Gemma en train de caresser un rapace... Alors je ne suis pas du genre prude (je lis des romances érotiques, j'ai déjà testé des dark romances), mais là c'est juste de la pédophilie et je n'ai pas du tout compris ce que ça venait faire là. Ok, le gars est un peu revenu à l'état sauvage, il est censé être désagréable, mais il y avait d'autres comportements un peu étranges à lui attribuer pour le rendre antipathique qu'un besoin de se masturber dès qu'il voit une fille. Bon ça c'est mon coup de gueule, parce que je ne vois pas le propos défendu avec ça. Pour moi ces passages sont juste inutiles, il n'y a rien qui puisse vraiment les justifier.
Quoiqu'il en soit, tout ça va conduire à un bon gros pétage de plomb familial qui m'a un peu prise de court. Non qu'on ne le sente pas venir, mais c'est l'attitude des uns et des autres qui m'a surprise.

Bon du coup je n'ai pas eu beaucoup d'empathie pour les personnages, qui m'ont tous un peu agacée (ou tout simplement choquée), hormis June et sa soif de liberté que j'ai aisément comprise.
Tous les passages centrés sur la nature, végétale et animale, m'ont plu, mais j'ai trouvé que le reste n'était pas terrible. Rien n'est développé, dans ce roman, et ce qui m'intéressait le plus (l'épidémie via les oiseaux, la rébellion de la fille qui oublie tout ce qu'on lui a enseigné aussitôt qu'elle voit un aigle de près, etc.) est trop faiblement abordé. Je comprends les idées mises en avant ici (critique de la nature humaine, de la société, la dualité des êtres et de la nature, etc.), et j'ai d'ailleurs bien aimé la révélation finale, mais tout est tellement survolé que je n'ai pas accroché. Et ce d'autant plus que je n'ai pas réussi à retrouver le style fluide et poétique qui m'avait séduite dans son précédent roman. Ici l'histoire nous est racontée du point de vue d'une jeune ado (je ne sais pas trop son âge, mais elle a ses règles au cours du récit donc si on prend la moyenne je dirais qu'elle doit avoir l'âge d'une collégienne), avec une écriture simple mais hachée. J'ai un peu de mal avec les écritures saccadées, surtout si à côté le rythme du récit en lent.


En bref...
Le Sanctuaire est un roman qui met en avant la dualité des êtres, le protecteur pouvant devenir bourreau, et de la nature, à la fois source de liberté et prison. Comme dans son roman précédent, l'autrice crée une ode à la nature, malheureusement gâchée par une écriture hachée, une intrigue trop peu développée et des personnages antipathiques aux comportements plus que douteux.
Deuxième tentative pour apprécier l’œuvre de Laurine Roux, je ne retenterai pas l'expérience et abandonne là cette autrice.

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