Cadavre haché - vampire fâché (Les tribulation d'Esther Parmentier, sorcière stagiaire T1) - Maëlle Desard #PLIB2021

 

 

Ce roman est juste excellent ! C'est le genre de livre qui, si tu prends le risque de le lire dans un lieu public, te fait passer pour une folle à te taper des barres toute seule. Et ça fait du bien !

Voici donc le premier tome des Tribulations d'Esther Parmentier, sorcière stagiaire, une série d'urban fantasy publiée par un éditeur jeunesse mais qui selon moi n'est pas à catégoriser dans une tranche d'âge spécifique, car elle peut être lue (et appréciée) autant par des ados que par des adultes.

J'aime bien le résumé éditeur, qui nous donne d'emblée le ton :

Esther Parmentier a quitté sa Bretagne natale pour un stage à Strasbourg dans une société informatique quand elle est repérée par l'Agence de Contrôle et de Détection des Créatures Surnaturelles. Car Esther est une sorcière. À peine remise de cette découverte, et des tests visant à déterminer ses capacités, Esther apprend qu'elle n'a pas plus de pouvoir qu'une allumette mouillée. Sa note sur l'échelle des pouvoirs est historiquement basse : 2 sur 82. Mais Esther est dotée d'un caractère de cochon, de solides capacités de déduction et est capable de résister aux pouvoirs de séduction des Créatures. Malgré son faible score, l'Agence décide donc de l'embaucher comme stagiaire.

 

L'univers n'est certes pas des plus originaux, car il est vrai qu'il est finalement assez classique dans le genre de l'urban fantasy. On a des créatures surnaturelles qui vivent sur terre (ici leur existence est un secret, ce qui n'est pas toujours le cas dans les livres de bit-lit), et des agences chargées de faire respecter les lois en vigueur les concernant. Ce que j'ai bien aimé, c'est que la plupart de ces Créatures viennent en fait d'un autre monde, relié au nôtre par des portails que seules les sorcières peuvent créer ; tandis que d'autres Créatures sont des hybrides ou d'anciens humains, et ne peuvent donc vivre dans l'autre monde. On a donc ici tout un panel de créatures surnaturelles, allant des plus classiques telles que les vampires et les loups-garous, aux moins exploitées du genre telles que les djinns et les goules, en passant par des plus "humaines" comme les sorcières et les fantômes.

L'intrigue est, elle aussi, somme toute assez classique : une jeune femme découvre l'existence de ces Créatures, se découvre même des pouvoirs, et va être entraînée dans des aventures fantastiques. L'enquête, de prime abord, ne paie pas de mine : des ados disparaissent, et l'Agence est chargée de découvrir le coupable qui, bien entendu, semble être une Créature. Et, évidemment, les enquêteurs découvrent qu'il y a bien plus derrière ces disparitions.

Du classique, donc. Mais là où Maëlle Desard parvient à se démarquer, c'est dans le traitement qu'elle fait de tout cela. Non seulement sa plume est agréablement fluide, mais elle manie l'humour d'une main de maître. Et cela passe avant tout par les personnages, particulièrement bien travaillés, ainsi que par les (mauvaises) surprises qui leur tombent dessus.

Commençons donc par Esther, jeune femme de dix-neuf ans, qui a un certain embonpoint et qui l'assume pleinement, qui est une véritable geek et qui n'en a nullement honte. Esther s'ennuie dans la vie, a un long poil dans la main, se plaint beaucoup et a bien du mal à ne pas dire aux autres ce qu'elle pense, parfois avec un langage assez fleuri. J'ai adoré la manière dont elle remet les gens à leur place, j'ai adoré qu'elle soit bourrée de défauts tout en étant particulièrement attachante. Car derrière ses airs je-m'en-foutistes, Esther a du cœur, et peut faire preuve d'un grand courage quand elle ne prend pas ses jambes à son cou.

Et comme si se retrouver soudainement entourée de créatures surnaturelles dont elle ignorait jusqu'à présent l'existence ne suffisait pas, elle doit se coltiner comme tuteur un vampire particulièrement désagréable, mais terriblement sexy. Je vous présente donc l'agent Loan, qui a bien du mal à supporter cette jeune femme maladroite et horriblement chiante qui passe son temps à le rembarrer. J'ai adoré leur joutes verbales, les situations plutôt rocambolesques dans lesquelles ils se retrouvent ensemble, tout deux formant ainsi une équipe assez explosive.

Outre l'agent Loan, Esther va également travailler avec d'autres membres de la branche strasbourgeoise de l'Agence : son directeur, un loup-garou alpha dont il est impossible de contester les ordres (sauf pour Esther, évidemment) ; une banshee au look (trèèès) extravagant que seule Esther peut entendre et voir ; une goule très douée pour la fuite ; une puissante sorcière qui ne lésine par sur les moyens pour obtenir des résultats (le test qu'elle fait passer à Esther est assez parlant).

Mais les deux personnages que j'ai adorés parmi tous ces membres, ce sont Dario et Mozzie. Dario est un djinn, un séducteur invétéré qui peut se rendre invisible à condition d'être nu (vous comprendrez le pourquoi de cette précision si vous lisez ce livre), et qui va particulièrement bien s'entendre avec Esther. Mozzie, quant à lui, est un fantôme geek : il communique via les appareils électroniques, dont les téléphones portables (il utilise pas mal d'émojis pour souligner ses propos, émojis qui sont retranscrits dans le livre pour notre plus grand plaisir : certains m'ont bien amusée) ; et sert également de chauffeur (attention par contre, il ne vaut mieux pas être malade en voiture). J'ai trouvé Mozzie très touchant, vraiment adorable. Toute cette équipe est très soudée, et va devenir comme une nouvelle famille pour Esther.

Tous ces personnages sont le cœur de ce roman, et les aventures qu'ils vont vivre sont juste savoureuses. Parce que, bien entendu, rien ne se passe vraiment comme prévu, surtout avec Esther dans les parages. Ce ne serait pas drôle, sinon. Les traits d'esprits, les métaphores et comparaisons que l'autrice emploie dans son roman m'ont bien fait rire, tout comme les dialogues, chaque personnage ayant un langage bien particulier mais tout aussi imagier et incisif.

J'ai également bien aimé qu'elle fasse de l'univers geek un point essentiel de l'intrigue. Les geeks sont souvent confondus avec des nolife, c'est-à-dire des personnes recluses, qui n'ont pas de vie sociale, complètement déconnectées de la réalité. Bon, certains le sont, mais pas tous. Et le fait de mettre en avant cet univers permet de montrer que c'est toute une communauté qui existe derrière ce terme. Et puis, que ce soit grâce à cette geekitude, souvent mésestimée, que l'enquête va faire un grand bon en avant, c'est assez sympa. (Dans les dents, agent Loan !)

En bref...

Ce premier tome des Tribulations d'Esther Parmentier, sorcière stagiaire est un vrai régal ! L'autrice, d'une plume agréablement fluide, manie l'humour avec brio pour nous entraîner dans une aventure rocambolesque aux personnages hauts en couleur. Si l'héroïne est davantage une anti-héroïne, son humour décapant et sa chiantitude, ainsi que ses savoureuses joutes verbales avec son tuteur vampire, la rendent particulièrement attrayante, tandis que sa maladresse et sa loyauté envers cette nouvelle famille que forme la curieuse équipe de Créatures de l'Agence la rendent sensiblement touchante. Maëlle Desard part ainsi d'un univers et d'une intrigue somme toute assez classiques pour en faire un récit pétillant face auquel on ne peut rester de marbre.

Pas un instant je me suis ennuyée, au contraire, je me suis franchement bien amusée. Un vrai petit coup de cœur ! J'espère que les tomes suivants me feront autant rire que celui-ci, c'est tellement agréable...

 

 

#ISBN9782700275520