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samedi 13 février 2021

La Princesse au visage de nuit - David Bry #PLIB2021

 

 
La Princesse de nuit est dans la sélection de plusieurs prix de l'année 2021 (le PLIB et le PIB), raison pour laquelle je me suis lancée dans cette lecture. Je lis rarement des histoires de fantômes, d'esprits, etc. car j'ai toujours peur d'être déçue, de ne pas éprouver l'angoisse que ce genre de romans est censé nous faire ressentir. Autant je regarde tous les films d'épouvante qui sortent, autant j'hésite à me plonger dans ce type de lecture. Mais le résumé a attisé ma curiosité, et la magnifique couverture laissait présager une ambiance sombre et mystérieuse. C'est donc avec un certain enthousiasme que je me suis laissée tenter, pour finalement ressortir assez mitigée de cette lecture.

Voici donc le résumé éditeur qui m'a tentée :
Dans les bois vit la princesse au visage de nuit ; ses yeux sont des étoiles et ses cheveux l'obscur.
Hugo, enfant violenté par ses parents, s'est enfui avec ses amis dans la forêt, à la recherche de la princesse au visage de nuit, qui exaucerait les vœux des enfants malheureux... Il est ressorti du bois seul et sans souvenirs, et a été placé dans une famille d'accueil.
Vingt ans plus tard, alors qu'il a tout fait pour oublier son enfance, Hugo apprend la mort de ses parents. Mais, de retour dans le village de son enfance, il découvre que ses parents auraient été assassinés, et d'étranges événements se produisent. La petite voiture de son enfance réapparaît comme par magie. De mystérieuses lueurs brillent dans les bois. Les orages soufflent des prénoms dans le vent.

Il y a pas mal de points intéressants dans ce roman, mais pour moi l'auteur ne va pas au bout des choses, se contentant parfois de les survoler.

Commençons par les personnages : chacun a son histoire, son vécu, souvent difficile, voire complètement traumatisant. Certains ont su m'intéresser, d'autres me toucher, mais pour beaucoup j'ai eu l'impression de rester en surface, soit parce qu'ils ne sont pas suffisamment développés, soit parce qu'ils sont trop caricaturés.
Hugo reste traumatisé, à la fois par ce que lui faisaient subir ses parents, mais aussi par la perte de ses deux amis d'enfance et des souvenirs concernant leur disparition. Cela se traduit par un besoin assez régulier de boire : et si cela est souvent abordé à travers des blagues et des sarcasmes (soit de manière trop légère à mon goût étant donné l'importance du problème), on peut clairement dire que Hugo est alcoolique. Revenir dans son village natal vingt ans après le drame est pour lui une terrible épreuve (il se met donc à boire encore plus que d'habitude), mais peut-être cela lui permettra-t-il de retrouver la mémoire et de comprendre enfin ce qu'il s'est passé lors de cette fameuse nuit où ils partirent à la recherche de la princesse au visage de nuit. Finalement, ce qui le ronge, plus que tout, c'est d'être le seul à s'en être sorti, de ne pas avoir su protéger ses amis. Aujourd'hui, Hugo travaille dans un centre pour aider les jeunes en difficulté : un moyen de se racheter, peut-être ?
Sa relation avec ses trois amis actuels m'a beaucoup intéressée : Chloé qui cherche son prince charmant, William qui a peur de perdre ses amis s'ils tombent tous amoureux, et Sébastien qui semble aller mal mais n'arrive pas à leur en parler. Tous les quatre adorent sortir, boire, faire la fête. Ils sont habituellement très soudés, mais à ce moment-là trop centrés sur eux-mêmes et leurs propres problèmes pour percevoir ceux des autres. Malheureusement, on voit assez peu ces trois amis, qui sont finalement bien peu développés alors que les sujets abordés à travers eux sont plutôt intéressants : l'amitié, le mal-être et les difficultés à en parler, la reconstruction de soi.
J'ai bien aimé Anne, la sœur de l'amie disparue de Hugo, devenue flic et qui n'a jamais réussi à oublier. Anne a un besoin vital de comprendre ce qui est arrivé à sa sœur, afin de pouvoir enfin faire son deuil. Cela met quelque peu en péril sa relation avec son fiancé, qui ne comprend pas cette obsession et lui conseille sans cesse de passer à autre chose (un abruti, à mon avis). Avec le retour de Hugo, elle va enfin trouver un allié dans sa quête de vérité. Le problème, c'est que ça l'obsède tellement qu'elle commet des erreurs plutôt étonnantes venant d'une policière.
Mais le personnage qui m'a vraiment touchée, c'est l'homme chez qui Hugo allait se réfugier quand il était gamin et qui lui donnait un chocolat chaud. Un homme qui a autrefois perdu son fils, et dont la femme est partie. J'ai trouvé ce vieux monsieur très touchant (oui, je suis souvent émue par les histoires tristes qui concernent les vieilles personnes, je ne sais pas pourquoi).
Les autres personnages sont pour moi des personnages-types des villages : la vieille mégère que tout le monde traite de sorcière, l'homme d'église, l'inspecteur qui va suspecter le personnage principal, etc. Rien de très fou, donc, si ce n'est les secrets que chacun cache.

Et c'est ce que j'aime bien dans les intrigues se déroulant dans des petits villages : les secrets. Et ce que j'aime moins : les ragots et les jugements.
Tous les personnages cachent donc des choses, qui ont plus ou moins d'importance. Le secret de l'homme d'église est assez étonnant, et cela m'a rendu le personnage fort sympathique. Celui de la stagiaire de police, qui adore essayer de résoudre les enquêtes grâce à la psychologie, est terrible et m'a rendu ce personnage plus touchant, alors qu'elle m'énervait grandement au début. Je ne vais pas tout lister, mais j'ai parlé de ces deux-là car ils permettent de changer notre perception du personnage concerné. Pour les autres, ils sont somme toute assez peu surprenants car on finit par s'en douter.
Mais ce pour quoi j'ai vraiment été curieuse, ce sont les raisons qui ont poussé ces enfants à chercher la princesse de nuit. Bon, Hugo on le sait tout de suite. Mais ses deux amis ? Que vivaient-il de si terrible pour en arriver à de telles extrémités ?
Ce sont ces éléments-là qui m'ont vraiment motivée, car pour le reste je n'ai guère été surprise. En effet, j'ai vite deviné ce qu'il s'est vraiment passé cette nuit-là ainsi que le coupable de l'accident de voiture des parents d'Hugo. En fait, ce qui me tentait le plus au départ, du mystère, une enquête sur un meurtre étrange et des disparitions passées, est finalement ce qui m'a déçue. Je lis peu de romans policiers ou thriller parce que le suspense tombe souvent à plat avec moi, à part quelques agréables exceptions. Là les ficelles sont tellement grosses que l'on devine vite les choses, surtout si on est en plus habitués aux univers fantastiques. On sent les tentatives de l'auteur pour créer une atmosphère inquiétante (murmures dans la nuit, ombres mouvantes, symboles rituels, etc.), mais cela n'a pas fonctionné sur moi. J'ai trouvé cela trop gros, trop cliché. Peut-être parce que je suis trop habituée aux films d'épouvante, ou bien lire (plutôt que voir) des œuvres de ce genre ne marche tout simplement pas avec moi.
J'ai été d'autant plus déçue que l'aspect fantastique est finalement très peu présent. À part les quelques éléments d'ambiance et ce qu'il se passe à la fin, cela ressemble plutôt à un thriller assez banal. De plus la fin est bien trop rapide à mon goût, les explications vite expédiées et trop vagues : par exemple, les écarts de temporalité ne sont pas expliqués (ne peuvent comprendre que ceux qui l'ont lu). Et en ce qui concerne la fameuse princesse au visage de nuit, dont on nous parle sans arrêt tout au long du roman, je suis restée sur ma faim : on ne la voit qu'une seconde à peine. Juste histoire de dire "et voilà, tu l'as vue". Mais ça s'arrête là, et c'est terriblement frustrant quand on nous parle sans cesse d'un être mystérieux et sombre et puissant qui peut exaucer les vœux des enfants malheureux, mais non sans risque, et qu'au final il ne se passe quasiment rien avec.


En bref...
Avec La Princesse au visage de nuit, David Bry signe un thriller fantastique à la fois intéressant sur certains aspects et décevant sur d'autres. Dans ce récit, l'auteur aborde des thématiques sérieuses et parfois difficiles telles que la maltraitance et le traumatisme qu'elle engendre, l'importance de l'amitié, le mal-être et la difficulté à en parler, la famille, le harcèlement, etc. Si certains personnages peuvent nous toucher, d'autres sont traités de manière trop superficielle ou trop caricaturale. Néanmoins tous possèdent des secrets, certains plus intrigants que d'autres, certains pouvant totalement changer notre perception de personnages qui semblent peu intéressants de prime abord. La plume fluide de l'auteur rend le récit plutôt agréable à lire, cependant les tentatives pour créer une ambiance inquiétante tombent un peu à plat pour qui est habitué aux atmosphères angoissantes des films d'épouvante. L'aspect fantastique est d'ailleurs plutôt décevant, utilisé seulement comme une trame de fond, une menace qui plane au-dessus du personnage principal sans jamais véritablement tomber, pas même à la fin, vite expédiée, comme sa princesse au visage de nuit.
Moi qui m'attendais à une histoire pleine de mystères, un peu angoissante avec cette entité menaçante sortie tout droit de vieilles légendes, j'ai été plutôt déçue. Après, globalement, le roman se lit tout de même plutôt bien.
 
#ISBN9782918541721 

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