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mercredi 27 janvier 2021

PS : Je ne t'ai jamais dit (PS T2) - Brigid Kemmerer

 

 
Après PS : Tu me manques qui racontait l'histoire de Declan et Juliet, voici PS : Je ne t'ai jamais dit, qui prend cette fois pour personnages principaux Rev, le meilleur ami de Declan rencontré dans le roman précédent, et Emma, une ado très geek. Il vaut mieux lire celui-ci en second, car l'histoire se déroule après celle du premier et l'on ne peut comprendre pleinement certains éléments si l'on n'a pas suivi l'histoire de Declan avant.
 
Je ne vous mets qu'une partie du résumé éditeur, car la fin de ce résumé raconte ce qui se déroule aux trois-quarts du roman, à croire qu'il ne se passe rien d'intéressant avant :
Deux lycéens qui auraient pu ne jamais se croiser. Qui ne savaient pas ce qu'est être aimé. Et qui pourtant se sont trouvés. Rev gardera toujours dans sa chair les cicatrices des sept années qu'il a subies sous les coups de son père. Quant à Emma, c'est dans son cœur qu'elle porte les siennes : elle n'existe pas aux yeux de son père, et sa mère veut tout contrôler. Rev et Emma ne se sont jamais vus que de loin.
Pourtant, le hasard les réunit, un soir. Petit à petit, les deux ados blessés s'apprivoisent, et, chaque jour, partagent leurs doutes et leurs peines.
 
J'ai moins aimé ce roman-ci que le précédent, pourtant Rev était l'un de mes personnages favoris tant son histoire est percutante. Mais la manière dont l'histoire a été traitée n'est pas à la hauteur du personnage, et j'ai trouvé Emma peu convaincante.
Rev a été élevé par un homme manipulateur et violent, un prêcheur capable de se faire passer pour l'homme le plus aimable du monde tandis que chez lui son fils subissait ses règles implacables et son terrible courroux lorsqu'il y dérogeait. Par un gros coup de chance (question de point de vue), la vérité a éclaté et Rev a été confié à une famille d'accueil, tandis que son père a été jugé et emprisonné. Si Rev a pu être sauvé, le traumatisme de sa vie avec cet homme reste gravé en lui. Son sweat-shirt à capuche est comme une armure pour lui et lui permet de cacher les cicatrices de son enfance. Mais il n'aurait pu s'en sortir sans sa famille d'accueil, devenue sa famille adoptive, Kristin et Geoff, deux personnes dotées d'une patience et d'une compassion incroyables. La relation entre Rev et ses parents adoptifs est terriblement touchante, et l'on comprend au fur et à mesure toute l'importance qu'ils ont les uns pour les autres.
J'ai aimé retrouver Declan et son franc-parler, qui a une place toute aussi importante dans la vie de Rev, et réciproquement. Mais parce que Declan est assez véhément quand il s'agit du père de son meilleur ami, Rev n'ose pas lui révéler que le monstre tente de reprendre contact avec lui. Ce message qu'il reçoit de la part de son géniteur va l'entraîner dans une profonde confusion : doit-il en parler, doit-il lui répondre, a-t-il envie de le revoir ? Cela, ainsi que l'arrivée chez lui d'un ado à problèmes qui va le chambouler, vont faire ressortir sa plus grande peur : la violence est-elle inscrite dans ses gènes ? va-t-il un jour devenir comme son géniteur ?
 
C'est un Rev bouleversé qu'Emma rencontre un soir alors qu'elle promène son chien. Emma ne s'entend pas avec sa mère, une femme plutôt terre-à-terre qui passe son temps à critiquer son mari, un homme qui travaille dans l'univers des jeux vidéo. Emma met son père sur un piédestal et rêve de faire comme lui. Elle a même créé son propre RPG (jeu de rôle) en ligne, dans lequel elle rencontre quelques problèmes avec un joueur mécontent qui se met à la harceler. Parce que sa mère critique sa passion et que son père est quasiment toujours occupé, Emma n'ose pas leur en parler et essaie de régler le problème toute seule, mais elle ne se rend pas compte qu'en agissant ainsi, elle va empirer sa situation. Quant à sa meilleure amie, qui a une relation avec sa mère qu'Emma envie, leurs centres d'intérêts semblent les séparer de plus en plus et Emma ne peut s'empêcher de lui en vouloir.
Sa rencontre avec Rev et les moments qu'ils vont passer ensemble vont donc revêtir une certaine importance pour Emma comme pour Rev, car cela leur permettra d'échapper (du moins temporairement) à leurs problèmes.
Ce que j'ai trouvé intéressant dans l'histoire d'Emma, c'est la différence entre la manière dont elle considère ses parents et comment ils sont réellement. Emma ne s'entend pas avec sa mère qu'elle voit comme une personne trop réaliste, sans passion, alors qu'en fait elle essaie simplement de protéger sa fille. À l'inverse, Emma voit son père comme quelqu'un de génial, mais va finir par voir la vérité en face : son boulot passe avant et il n'est finalement pas là quand elle en a le plus besoin. Mais elle va mettre du temps avant de comprendre tout ça, et en attendant, elle se comporte comme une ado en crise, ce qui m'a plutôt exaspérée, d'autant plus qu'elle se défoule sur sa meilleure amie qui ne le mérite en rien.
Autre point intéressant : à travers Emma, l'autrice aborde le sujet du cyber-harcèlement, ici via les jeux vidéo. C'est un sujet important, car il est facile de se faire piéger quand on ne voit pas la personne avec laquelle on communique sur Internet, que ce soit sur des forums, dans des jeux vidéo, sur les réseaux sociaux, etc.
 
L'écriture de l'autrice est toujours aussi fluide et soignée, cependant j'ai moins accroché à cette histoire. Cela tient surtout au personnage d'Emma, que je ne trouve pas à la hauteur de Rev. Je ne dis pas qu'elle aurait dû vivre des malheurs aussi durs que lui, mais ses réactions m'ont davantage fait penser à une fille un peu égocentrique en pleine crise d'ado, tandis qu'à côté les préoccupations de Rev sont plus... profondes. Enfin bon, c'est mon ressenti.
 
En bref...
Comme dans son roman précédent, Brigid Kemmerer aborde avec pertinence dans PS : Je ne t'ai jamais dit des thématiques sérieuses et actuelles telles que le traumatisme de l'enfant battu, l'adoption et le cyber-harcèlement. L'absence de communication et la famille sont là encore au cœur de l'intrigue, les non-dits poussant les personnages à s'isoler et à s'enfermer dans leurs questionnements existentiels et leurs problèmes personnels. Si les personnages sont plutôt touchants, l'un des deux principaux est moins convaincant et l'histoire moins bien traitée que celle de PS : Tu me manques. La plume de l'autrice reste cependant très fluide et agréable. Une bonne lecture qui aurait toutefois pu être bien meilleure.

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