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mardi 4 mai 2021

L'Homme aux murmures - Alex North

  


L'Homme aux murmures est un thriller que j'avais repéré à l'occasion d'une opération masse critique de Babelio. Je ne l'avais cependant pas demandé car il était disponible dans la bibliothèque où je travaille, j'avais donc préféré recevoir un livre que je n'avais pas déjà à disposition. Bref ! Le résumé me tentait pas mal, laissant présager une intrigue un peu glauque et pleine de tension.

Si tu laisses la porte entrebâillée, les murmures viendront se glisser...
Un écrivain veuf, Tom, et son fils de 8 ans, Jake, emménagent dans une nouvelle ville. Featherbank. Si charmante et calme en apparence. Où vingt ans plus tôt, un serial killer a été arrêté après avoir tué plusieurs enfants. On l'appelait l'Homme aux murmures.
Des murmures que Jake a entendus. À la porte de sa maison.
Et si tout recommençait ?
 
Et en effet, un enfant est enlevé, un enfant qui avait dit à sa mère qu'un monstre était venu murmurer à sa fenêtre. Pourtant l'Homme aux murmures est bel et bien derrière les barreaux. Serait-ce donc un possible complice qui aurait filé entre les doigts de la police il y a vingt ans, ou bien un imitateur ?
Amanda Beck est sur l'affaire et espère de tout cœur retrouver l'enfant disparu. Mais ces nouvelles révélations la poussent à demander l'aide de l'inspecteur Pete Willis, celui qui a autrefois arrêté l'Homme aux murmures, Frank Carter. Un véritable monstre qui n'a jamais voulu révéler le lieu où il a enterré sa dernière victime. Obsédé par toute cette affaire, Pete, devenu alcoolique, en a perdu sa famille. Si à présent il parvient tant bien que mal à ne plus toucher une goutte d'alcool, c'est un homme terriblement seul et abîmé que nous suivons au cours de cette enquête.

En fait, ce n'est pas l'enquête qui m'a intéressée dans ce roman. L'enquête en elle-même n'a rien de très original, suivant un schéma somme toute très classique, ni de bien surprenant. J'avais d'ailleurs deviné l'identité du coupable très (trop) rapidement. Ce que j'ai vraiment apprécié, ce sont les personnages et leurs relations, ainsi que la légère touche de fantastique que l'auteur a inséré dans son récit.
Nous ne suivons pas uniquement Pete Willis dans cette histoire, mais également Tom Kennedy et son fils Jake (c'est logique étant donné que c'est d'eux que parle le résumé). Tom est écrivain, mais il n'a pas écrit plus de quelques mots depuis la mort de sa femme, survenue il y a presque un an. Une mort dont il ne parvient pas à se remettre, tout comme son fils de huit ans avec lequel il a bien du mal à communiquer. Pour prendre un nouveau départ, ils déménagent à Featherbank, dans une maison un peu étrange mais pour laquelle Jake semble avoir eu un coup de cœur. Mais dans cette nouvelle ville comme dans l'ancienne, Jake est un enfant solitaire qui passe son temps à dessiner et à parler à son amie imaginaire. Au grand désarroi de Tom, qui ne sait pas comment aider son fils.
J'ai trouvé ces deux personnages vraiment touchants, chacun essayant d'être la bonne personne pour l'autre mais ayant du mal à parler de ses sentiments. Le père et le fils se ressemblent tellement qu'ils sont finalement persuadés d'être complètement opposés. Toutes ces maladresses, ces tâtonnements, ces efforts pour aller vers l'autre montrent une relation profonde qui est le point fort de ce roman.

Mais comme si Tom et Jake n'avaient pas assez de problèmes, Jake commence à entendre des murmures dans la nuit. La tension monte alors, et l'on se demande à chaque instant quand le monstre va passer à l'acte. Mais ce qui m'a le plus intriguée dans cette histoire, ce sont les enfants imaginaires que Jake semble voir. Il est régulièrement "accompagné" d'une fillette qui le met en garde contre le monstre qui murmure, et va connaître des détails sur l'enfant disparu qu'il n'est pas censé savoir. Du début à la fin, on ne sait pas vraiment si ce n'est là que son imagination ou si Jake voit des fantômes. Et si à un moment on a des réponses quant à l'identité de son amie imaginaire, une explication logique, rationnelle sur ce qu'il semble voir et savoir, d'autres éléments viennent contrecarrer cela pour nous faire douter. C'est un aspect du fantastique que j'aime bien, quand on ne parvient pas à savoir s'il y a quelque chose de surnaturel ou si ce n'est que dans la tête du personnage.

Autre élément que j'ai bien aimé, mais qui peut rebuter certains lecteurs : on a également le point de vue du nouvel Homme aux murmures, sans que son identité soit révélée. On a ainsi accès à ses pensées lorsqu'il espionne les enfants qui l'intéressent, lorsqu'il les enlève, lorsqu'il les séquestre... Il n'y a rien de violent, je vous rassure. Mais certains trouvent parfois malaisant d'avoir ainsi les pensées d'un psychopathe. Personnellement je trouve cela intéressant de pouvoir comprendre le système de réflexion de tels personnages (oui, j'adore la série Esprits criminels). Bon après, on ne suit pas non plus beaucoup ce personnage-là, seulement lors de certains moments clés de l'intrigue. Donc même pour les âmes sensibles, je pense que cela reste supportable.


En bref...
Avec L'Homme aux murmures, Alex North signe un thriller psychologique plutôt efficace. Si le côté enquête policière n'est guère original ni bien surprenant (avec un peu de logique on comprend assez vite l'identité du coupable), c'est la psychologie des personnages qui donne au roman tout son intérêt, en particulier les liens qu'ils tissent tant bien que mal les uns avec les autres. À cela s'ajoute une légère touche de fantastique assez intrigante qui fait constamment douter le lecteur sur la réalité de certains éléments du récit.
Une bonne lecture, donc, qui aurait toutefois été meilleure avec un coupable moins évident.

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