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mercredi 16 décembre 2020

Colère assassine - Stéphanie Exbrayat

 

 
Colère assassine est un thriller que j'ai trouvé plutôt reposant après avoir lu ce roman si particulier qu'est Vita nostra. S'il n'est pas le meilleur du genre, il aura au moins pour mérite de m'avoir fait passer un moment de lecture plutôt sympathique et, surtout, sans prise de tête.

Bon, je vous mets ici le résumé éditeur :
Malheur à quiconque provoque la colère de Léa, trentenaire parisienne qui ne supporte pas l'incivilité. Un soir, en quittant sa salle de sport, elle entend les appels au secours d'une femme enfermée dans les toilettes au sous-sol. Mais quand la prisonnière s'impatiente au point de devenir odieuse, Léa explose et part en l'abandonnant à son sort. Le lendemain la femme est retrouvée morte...

En général, quand je mets le résumé éditeur, c'est soit parce que j'ai du mal à (ou la flemme de) résumer moi-même l'histoire, soit parce que je le trouve très bien, soit parce que je vais le critiquer. Nous sommes ici dans le dernier cas : le résumé se concentre sur les problèmes de Léa et la mort de cette femme coincée dans les toilettes, alors que pour moi ce n'est pas le point le plus important, même si cet événement va permettre la rencontre de deux des trois personnages principaux. En fait ce crime (car on se doute bien que cette femme ne s'est pas retrouvée enfermée là par accident) n'est qu'un prétexte, car on ne suit pas l'enquête, dont la résolution ne nous est que brièvement donnée vers la fin, ce qui m'a plutôt déçue.

Dans ce roman nous suivons l'histoire selon le point de vue de trois personnages : Léa, Rodolphe et Adeline.
Je commence par Léa, une femme dans la trentaine qui vit seule et a une liaison avec un homme marié auquel elle n'arrive pas à résister. Elle travaille en free-lance dans le graphisme publicitaire en attendant de pouvoir publier ses livres pour enfants, qu'elle écrit et illustre, alors qu'elle déteste les enfants. Ses parents sont morts quand elle était petite, et c'est sa sœur qui a pris soin d'elle, aussi sont-elles très complices. C'est d'ailleurs elle qui va la soutenir quand elle va apprendre la mort de cette femme qu'elle a laissée enfermée dans les toilettes de la salle de sport. Car Léa a un sérieux problème : elle a un grand cœur, mais elle se met dans des situations parfois dangereuses pour elle-même (elle s'est déjà faite frapper) dès qu'elle estime que quelqu'un se comporte de manière incorrecte, irrespectueuse. C'est la raison pour laquelle elle a laissé cette femme dans les toilettes, car cette dernière s'est mise à l'insulter alors qu'elle essayait de l'aider à en sortir. Personnellement, je me serais barrée aussi, mais j'aurais au moins eu l'intelligence d'appeler la sécurité ou la police pour signaler l'incident, histoire d'éviter le problème de non-assistance à personne en danger. Car c'est ce dont Léa pourrait être accusée (au moins) si la police découvrait son acte. Ainsi, non seulement Léa se sent terriblement coupable de la mort de cette odieuse inconnue, mais elle est également terrifiée à l'idée de se retrouver en prison. Elle décide d'ailleurs d'aller voir un psy pour régler son problème de surréaction face à l'incivilité. J'ai bien aimé cette femme-enfant dont les réactions m'ont souvent amusée, bien que j'ai trouvé certains éléments peu crédibles. En particulier l'attachement immédiat qu'elle éprouve envers le fils de Rodolphe alors qu'elle ne supporte pas les enfants.
Rodolphe est flic et va être chargé de l'enquête sur la mort de la femme enfermée dans les toilettes. C'est à cause de cet événement qu'il va rencontrer Léa pour la première fois puisque, étant donné qu'elle était présente à la salle de sport ce soir-là, il doit l'interroger. L'histoire de Rodolphe est, selon moi, le point central de l'intrigue, c'est pourquoi j'ai trouvé dommage qu'il n'apparaisse pas dans le résumé éditeur. La femme de Rodolphe est morte il y a quelques années, le laissant seul avec son fils Gabin. Témoin de la mort de sa mère (elle a fait une crise cardiaque dans le bus alors qu'elle l'accompagnait à l'école), l'enfant en a été traumatisé et depuis ne parle plus. L'école ne pouvant plus gérer son cas, Rodolphe doit à tout prix aider son fils à guérir s'il ne veut pas être obligé de l'envoyer dans un établissement spécialisé, et trouve alors un très bon pédopsychiatre. C'est là que les chemins de Léa et Gabin vont se croiser, et quelque chose en Léa va toucher le garçon au point d'éveiller une lueur d'espoir chez Rodolphe. En parallèle, Rodolphe va avoir de sérieux ennuis avec une femme nommée Adeline, avec qui il a couché un soir et qui depuis le harcèle. Rodolphe ne comprend pas ce qu'elle veut, mais plus elle devient menaçante, plus il devient urgent pour lui de l'arrêter s'il veut pouvoir protéger ses proches.
C'est cet aspect de l'histoire qui m'a le plus intéressée : la menace qui plane sans cesse au-dessus de Rodolphe et de son entourage à cause de la folie de cette femme. Adeline est un personnage assez intéressant, mais dont je ne peux pas trop parler car c'est mieux de découvrir son histoire et sa psychologie au fur et à mesure des découvertes de Rodolphe et des confessions de la jeune femme. Tout ce que je peux dire c'est qu'elle est bien tordue et très dangereuse.

Si les personnages sont plutôt intéressants, j'ai trouvé que certaines de leurs réactions n'étaient pas toujours très crédibles. J'ai déjà parlé de l'exemple de la relation entre Léa et Gabin (je ne dis pas qu'une femme qui n'aime pas les enfants ne peux pas s'attacher à l'un d'eux, mais là c'est vraiment trop rapide, comme un coup de coup de foudre), mais Rodolphe aussi est un peu contradictoire. En effet, de par son métier c'est quelqu'un d'assez prudent, suspicieux. Pourtant, bien qu'il sente que quelque chose cloche avec Léa (elle se comporte étrangement dès que l'on parle de la femme des toilettes), il lui confie son fils alors qu'il est ce qu'il a de plus précieux. De petits éléments de ce genre, donc, qui enlèvent un peu de crédibilité à la psychologie des personnages.
On se laisse toutefois aisément porter par le récit, écrit dans un style simple mais efficace. J'ai suivi avec amusement les frasques de Léa, ai été un peu attendrie par Gabin et la détresse d'un père face à celle de son fils, et ai vu ma curiosité éveillée par la psychologie particulièrement tordue d'Adeline.
Je regrette cependant une fin bien trop rapide. Tout se déroule à un rythme plutôt régulier, mais à la fin le rythme s'accélère d'un coup et les problèmes se règlent de manière bien trop simple. Cela m'a donné l'impression que l'autrice ne savait pas comment terminer son histoire ou avait simplement envie de vite expédier la fin. C'est ce qui m'a le plus déçue, d'autant plus que le reste du roman était plutôt sympa à lire.

En bref...
Colère assassine est plus un thriller psychologique qu'un roman policier, l'enquête policière sur la mort de cette femme enfermée dans les toilettes étant peu mise en avant et servant davantage de prétexte à la rencontre des personnages. Bien que certaines de leurs réactions soient parfois peu crédibles étant donné leurs caractères respectifs, on suit leur histoire avec intérêt. L'intrigue, portée par une plume agréablement simple et efficace, est plutôt bien menée malgré une fin quelque peu bâclée.
Si vous ne voulez pas trop vous prendre la tête sur un thriller malsain et/ou bien complexe, mais que vous souhaitez rester dans ce genre, celui-ci fera son office.

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