Menu

samedi 28 novembre 2020

La mort ou la gloire (Wyld T1) - Nicholas Eames

 

 
La mort ou la gloire est le premier tome de Wyld, une série de Light fantasy particulièrement savoureuse. La light fantasy est une fantasy humoristique qui parodie le plus souvent des genres comme la fantasy épique, l'exemple le plus connu étant Les Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett. Je n'ai pas pour habitude d'en lire, mais Wyld me tentait pas mal et j'en avais eu de bons retours, donc je me suis lancée. Et je n'ai pas été déçue, car ce roman est pour moi un bon coup de cœur !
 
Si l'on se focalise uniquement sur l'univers et l'intrigue de base du roman, nous avons affaire à quelque chose de très classique. En effet, nous avons là un univers médiéval fantastique typique des romans de fantasy épique : des humains côtoyant magie et créatures ici issues de divers bestiaires fantastiques (celui typique du genre comme des gobelins, dragons, araignées géantes, mais également mythologique comme des centaures, dives, gorgones). Idem pour l'histoire si nous la résumons grossièrement : un groupe de mercenaires qui parcourt le monde, se bat contre des monstres, sauve des personnes en détresses, etc.
Mais Wyld, ce n'est pas que ça.
 
L'univers des mercenaires est assimilé à celui du rock : les groupes de mercenaires sont appelés des roquebandes, qui sont envoyées en tournées pour se battre contre des monstres, tournées organisées par des managers. Les roquebandes sont ainsi comme des groupes de rock, avec des fans parfois totalement hystériques et des bardes qui les suivent pour chanter leurs exploits (souvent fortement enjolivés). D'ailleurs chaque année a lieu un festival nommé Route du Roque où se réunissent ces fameuses roquebandes. J'ai beaucoup aimé cet aspect du livre, où l'association mercenaire/rock est vraiment bien trouvée et bien développée, jusque dans les moindres détails (comportement des fans et des membres de roquebandes, vocabulaire, etc.), fournissant ainsi un contexte particulièrement original au récit.

Les personnages ne sont pas en reste, à commencer par la roquebande qui constitue les personnages principaux.
L'une des originalités de cette histoire, c'est que nous ne suivons pas là une bande de mercenaires dans la force de l'âge, mais d'anciens mercenaires qui ont bien (et en même temps mal) vieilli. C'est un point que j'ai beaucoup apprécié et qui m'a un peu rappelé le film RED (Retraités Extrêmement Dangereux), car il faut avouer que, bien que ce soit le plus souvent accidentel, nos personnages sont de véritables dangers ambulants dotés d'une chance de cocu.
En fait, nous suivons surtout un personnage en particulier, et les autres personnages principaux viennent se rattacher à lui au fur et à mesure. Clay Cooper vit dans un petit village reculé avec sa femme Ginny et sa fille Tally. Aujourd'hui, il est dans la milice du village, mais autrefois il faisait partie de Saga, une roquebande devenue légende qui s'est séparée il y a dix-neuf ans (si je ne me trompe pas). Sa petite vie tranquille est un jour perturbée par la visite de l'un de ses anciens camarades, Gabriel (ou Gabe), qui lui demande de l'aide pour sauver sa fille Rose. Cette dernière a formé sa propre roquebande et est partie affronter la horde du Cœur du Wyld sous la demande de Castia, ville se trouvant de l'autre côté du Wyld, une immense forêt infestée de monstres. Le problème est que l'armée a été mise en déroute et que les survivants ont dû se réfugier à Castia, à présent assiégée par la horde. Si Rose a très peu de chances d'avoir survécu à la bataille, Clay doute fortement qu'ils puissent arriver à temps pour la sauver, si tant est qu'ils parviennent jusqu'à Castia sachant qu'il leur faudra traverser le Wyld. Mais Gabriel souhaite garder espoir, aussi les deux anciens camarades se mettent-ils en route pour reformer leur roquebande.
Très grand et large d'épaule, Clay, surnommé Main Lente car il était toujours le premier à se prendre un coup au cours d'un combat, est le membre du groupe qui a le mieux vieilli et le plus intéressant car plus complexe. Il a vécu un événement particulièrement sombre au traumatisant étant enfant, ce qui a eu un certain impact sur son comportement. En effet, avant sa vie avec Ginny, Clay était un homme qui pouvait se montrer particulièrement violent et sans cœur. Ginny lui a permis de calmer le monstre en lui mais, avec cette nouvelle aventure, il a peur que tout cela ressurgisse. Il montre toutefois un caractère plutôt placide, sauf quand on s'en prend à ses proches, envers lesquels il se montre très protecteur. Ce n'est pas pour rien que la relique qui lui est rattachée est un bouclier nommé Blackheart, du nom d'un féroce Tréant que Clay a autrefois abattu et à partir duquel il a été fabriqué. Clay est aussi celui qui essaie de rester le plus optimiste, du moins en apparence, souvent dans une optique de préserver les autres d'un quelconque désespoir. S'il croit n'avoir jamais eu un très grand rôle au sein de la roquebande, ce sont en général ses décisions que les membres de Saga suivent, même si le leader officiel est Gabe. Et si Clay accepte de suivre Gabe dans cette quête qui a fort peu de chance de réussir, c'est avant tout parce que lui aussi est un père et qu'il serait prêt à tout pour sauver sa propre fille (ce que lui rappelle justement sa petite Tally).
Clay ayant vécu longtemps loin des grandes villes, c'est avec lui que nous découvrons à la fois la vie de mercenaire avant (le travail des roquebandes qui consistait à nettoyer le monde des monstres pour le rendre plus sûr) et son évolution : les roquebandes affrontent à présent des monstres préalablement capturés ou élevés dans des arènes, beaucoup de roquebandes ne sont que de la poudre aux yeux (l'apparence prime, et très peu ont vraiment accompli les exploits dont ils se vantent), etc. C'est à cause de ce laisser-aller que la Horde a pu se reconstituer petit à petit et que le monde, devenu plus sûr grâce aux anciennes roquebandes, retrouve sa dangerosité d'autrefois.
 
Gabriel, autrefois surnommé Gabe le Magnifique, a très mal vieilli et très mal vécu la séparation du groupe dont il était le leader. Il aura d'ailleurs essayé à plusieurs reprise de convaincre ses anciens camarades de reformer Saga, tentatives qui se sont toujours soldées par un échec. Il nous apparaît au début de l'histoire comme un pauvre vieillard fatigué, usé, mais reprendra du poil de la bête au fur et mesure de l'aventure. Sa femme, une militante anti-violence qui défendait la paix avec les créatures du Wyld (son groupe militant a d'ailleurs fini d'une manière assez savoureuse, pour les cannibales du coin, du moins), l'a quitté pour leur ancien manager. Il ne lui restait donc que sa fille Rose, même s'il s'entendait moins bien avec elle ces derniers temps à cause de son désir d'appartenir à une roquebande comme son père. Mais Gabe ne peut s'en prendre qu'à lui-même, car c'est lui qui lui a donné le goût de l'aventure, qui lui a appris à se battre, à manier l'épée, une des choses que lui reprochait d'ailleurs sa femme. Mais il aime sa fille plus que tout et veut à tout prix la sauver. J'avoue avoir pensé à un moment que ce n'était qu'un stratagème de la part de Gabe pour reformer le groupe, mais ça c'était juste mon esprit tordu qui me jouait des tours. La relique rattachée à Gabe est une épée aux grands pouvoirs nommée Vellichor qui lui a autrefois été confiée par le roi des druines.
Les druines sont un peuple, que l'on pourrait comparer à des elfes (attaché à la nature, très grande longévité, taux de natalité faible, oreilles pointues mais ici comparées à des oreilles de lapin), arrivé dans ce monde il y a des milliers d'années via une faille dimensionnelle faite grâce à Vellichor afin de fuir leur propre monde en perdition. C'est un peuple aujourd'hui quasiment disparu, mais qui s'est autrefois servi des humains comme esclaves et, quand ceux-ci se sont rebellés, ont utilisé les créatures du Wyld pour monter leur armée (la Horde) dans la guerre contre les hommes. Si les druines ont fini par perdre et la Horde par être décimée, les premiers restent une menace planant au-dessus de la tête de nos héros (certains secrets très intéressants vont d'ailleurs être dévoilés), tandis que la seconde est redevenue l'ennemi à abattre.

Je poursuis la liste des membres de notre roquebande dans l'ordre d'apparition avec Moog, le sorcier du groupe. C'est l'un des personnages que j'ai le plus apprécié (après Clay), à la fois pour sa touchante histoire et son caractère totalement frappé (bon ils le sont tous un peu, mais lui a reçu de sacrés coups sur la tête). Moog a une obsession : trouver un remède à la nécrose, une maladie non contagieuse que l'on ne risque d'attraper que si l'on pénètre dans le Wyld. Pourquoi cette obsession ? Tout simplement parce que son compagnon a été atteint de nécrose : c'est à ce moment-là que Moog s'est lancé dans la recherche d'un remède, abandonnant petit à petit son travail au sein de Saga. Malheureusement son compagnon en est mort avant, mais le sorcier a continué ses recherches inlassablement, au point de l'attraper lui-même. Toute sa vie tourne donc autour de cette maladie, et son seul revenu lui vient de la vente de sa Formidable Potion Phallique qui permet de guérir les problèmes d'érection. C'est un personnage excentrique, persuadé de l'existence des ours-hiboux (créatures auxquelles seuls les enfants croient, un peu comme le Père-Noël ou les licornes), et en même temps très érudit. Mais c'est avant tout un personnage pourvu d'une grande sensibilité et d'une innocence touchante, ce qui le rend parfois maladroit (il a tendance à dire les choses dès qu'il y pense, y compris quand il ne faudrait pas). Il trimballe avec lui un sac sans fond dans lequel il peut fourrer tout son bazar, et possède un tas d'objets magiques certes farfelus mais particulièrement efficaces (en général, même si ça n'a pas toujours l'effet escompté), soit fabriqués par lui-même, soit obtenus par le troc.
La science a d'ailleurs un place assez intéressante dans cet univers, bien qu'elle ne soit pas désignée comme telle (la plupart des personnages sont d'ailleurs persuadés qu'il s'agit de magie). Nous sommes certes dans un monde médiéval, mais il y a également une certaine technologie : par exemple il existe des navires, appelés vaisseaux célestes, capables de voler grâce à ce qu'ils appellent des marémoteurs, une technologie se servant de l'électricité statique captée par les voiles. On a donc tout un vocabulaire scientifique inventé (duramantium, gyro, etc.) que l'on découvre le plus souvent à travers les explications de Moog, qui est un peu l'intello du groupe.

Dans la famille Saga, je demande ensuite Matrick. Ancien voleur, aux capacités proches de celle d'un assassin, il est devenu roi d'Agria après avoir épousé la princesse Lilith, que la roquebande avait sauvée lors d'une tournée. Autrefois Matrick était un gros fêtard qui enchaînait les conquêtes et parlait comme un charretier. Mais quand Clay, Gabe et Moog le retrouvent, Matrick s'est empâté, a perdu pas mal de cheveux et semble bien fatigué. Sa situation de roi, qui a l'air idéale de prime abord, est finalement un véritable calvaire pour lui. En effet, non seulement son épouse le fait régulièrement cocu, d'ailleurs aucun de ses cinq enfants n'est de lui, mais en plus elle essaie de le faire assassiner pour régner seule. Ses camarades vont alors devoir monter tout un plan pour l'aider à s'enfuir, et comme leurs plans ne se passent jamais vraiment comme prévu, cela donne des passages assez savoureux. Il entretien une amitié très forte avec Moog, raison pour laquelle celui-ci lui cache sa maladie, et va retrouver petit à petit son caractère d'antan au fur et mesure que les choses vont se compliquer pour eux. La relique qui lui est rattachée est une paire de dagues, Roxy et Grace, appuyant ainsi son rôle de voleur/assassin au sein de la roquebande. Et comme tous ses camarades, vieillesse est synonyme de maladresse, aussi fait-il régulièrement tomber ses dagues dès qu'il commence à faire le malin avec. Mais à l'instar des autres, il reprend le coup de main au fil de l'histoire.
À travers Matrick, nous découvrons le fonctionnement de Grandual, qui regroupe les cinq royaumes (appelés les cinq Cours) situés à l'est du Wyld, ainsi que la source de la menace qui pèse sur Castia. Je ne dévoilerai pas ce point, c'est plus intéressant de le découvrir lors de la lecture. En tout cas la roquebande quasi-reconstituée espérait que les cinq Cours enverraient leurs armées pour aider Castia contre la Horde, cependant nos ex-mercenaires vont vite déchanter et comprendre qu'ils ne devront compter que sur eux-même pour sauver Rose.

C'est ainsi qu'ils partent récupérer le dernier membre de Saga, Ganelon. Celui-là, c'est un peu le barbare du groupe, le grand guerrier bien bourrin qui bousille tout sur son passage. Son cas est un peu particulier, car il n'a pas vieilli comme les autres. En effet, il a eu un conflit avec un prince qui s'en était pris à une amie, conflit qui a fini par la mort dudit prince. La mère de ce dernier a alors fait enfermer Ganelon dans une prison où les prisonniers sont transformés en statues à cause des basilics qui y circulent. Ainsi, pendant dix-neuf ans, Ganelon est resté une statue de pierre, le préservant du vieillissement qu'a connu le reste de la roquebande. C'est avec appréhension que nos quatre compagnons vont tenter de délivrer leur ancien camarade, car ils ont peur de sa réaction, étant donné qu'ils n'ont autrefois rien fait pour l'aider. Contre toute attente, Ganelon, une fois dépétrifié, accepte immédiatement de les suivre pour sauver Rose, ce qui va grandement facilité la tâche de nos héros, Ganelon ayant gardé toute sa puissance, contrairement à eux. Mais s'il n'a eu aucune séquelle physique après ces dix-neuf années à l'état de statue, cela ne signifie pas qu'il n'en a pas souffert psychologiquement. Si tous se sentent coupables de n'avoir rien fait pour l'aider lors de son arrestation, Clay semble le plus touché par son propre acte d'abandon, ayant clairement conscience que ses raisons étaient purement égoïstes. Aussi fera-t-il tout ce qui est en son pouvoir pour toujours le soutenir dans la bataille. Ganelon est un personnage plutôt introverti, pragmatique, avec un humour assez particulier, et capable d'une grande concentration lors des combats qui permet en général au reste de la roquebande de ne pas (trop) paniquer. Il va trouver sa propre relique durant l'aventure (en pillant leur ancien manager), une hache nommée Syrinx qui semble décupler sa puissance, faisant de lui un adversaire extrêmement redoutable.

La troupe ainsi reformée va donc parcourir Grandual et le Wyld pour sauver Rose de la Horde. Durant leur quête, ils vont rencontrer pas mal de personnages tous aussi extravagants les uns que les autres.
Parmi eux, il y a Jain, une jeune voleuse qui parcourt les routes avec ses camarades, les Silk Arrows, une roquebande composée uniquement de femmes. J'ai adoré les diverses rencontres entre elles et les membres de Saga, qui se feront dépouiller à plusieurs reprises par cette troupe assez spéciale. Vêtue un peu n'importe comment (multitudes de couches de vêtements, bijoux volés qui s'accumulent à leurs cous, doigts et bras, etc.), elle manie l'arc à la perfection et dépouille les voyageurs avec politesse. Elle est également d'une grande loyauté, envers ses "sœurs" mais également envers Saga (son père lui racontait souvent leurs exploits) même si elle semble adorer les dépouiller. Il s'agit, selon moi, du personnage féminin le plus intéressant du roman, qui apparaît de manière assez sporadique mais toujours efficace, bien que j'aurais aimé la voir davantage (heureusement nous aurons apparemment le plaisir de la retrouver dans le deuxième tome de la série).
Je continue avec les personnages féminins, le deuxième plus développé étant une dive, une femme ailée dotée d'un grand pouvoir d'attraction qui lui permet de faire faire aux hommes ce qu'elle veut. Griffalouette (hé oui, c'est son nom) est une chasseuse de prime engagée par la reine pour lui rapporter Matrick. Elle va être une sacrée épingle dans le pied de nos héros, car elle n'aura de cesse de les poursuivre et de les combattre pour accomplir sa mission. J'ai trouvé l'histoire de son passé assez intéressante, et l'on sent que cela a eu certaines conséquences sur son choix de vie, sur son caractère implacable. Mais, même si l'on entrevoit quelques failles, j'ai trouvé son côté gros dur parfois trop mis en avant au détriment des complexités de sa personnalité. J'aurais donc aimé en voir plus sur ce personnage, que l'on puisse découvrir plus de la profondeur que nous entrapercevons en elle.
Les autres personnages féminins sont plutôt des sortes de caricatures : la reine qui a plein d'amants et veut tuer son roi pour gouverner, l'ex-femme qui vit avec un homme riche et se drogue, etc. Toutefois, Wyld étant une énorme caricature de l'univers de la fantasy épique, j'ai trouvé que ça servait plutôt bien l'objectif du roman : mêmes les rôles tiers sont parodiés, ils ne sont pas mis de côté.

Nos héros vont également croiser (plus ou moins longtemps) d'autres roquebandes, certaines qu'ils connaissaient avant leur retraite et qui ont continué leur travail de mercenaire, d'autres issues de la nouvelle génération. Mais aussi des êtres fantastiques pas forcément mauvais, notamment un revenant nommé Kit qui joue d'un instrument de musique depuis longtemps disparu et va devenir leur nouveau barde. Un métier bien dangereux que d'être barde au sein d'un roquebande, surtout chez Saga, Clay parlant souvent du fait qu'aucun de leur barde n'a survécu à leurs tournées. Kit étant immortel (son histoire à lui aussi est plutôt pas mal), le problème de mortalité du métier est résolu. Kit est d'ailleurs un ami de Moog, et c'est en fait pour lui que le sorcier a créé la fameuse potion phallique (c'est sûr que quand on est un mort-vivant...).
Nous avons une belle palette de personnages dans ce roman, chacun avec des caractéristiques bien particulières mais toujours intéressantes qui les rendent touchants à leur manière (y compris les vilains). Même pour ceux que l'on voit peu, on sent qu'ils ont été travaillés de sorte à servir l'histoire, chacun étant une pièce du grand puzzle qu'est Wyld.

J'ai énormément aimé ma lecture, le roman me rappelant pas mal l'univers des RPG et du Donjon de Naheulbeuk (à la base un feuilleton audio parodiant justement l'univers des jeux de rôle). Déjà nous avons le groupe qui réunit des personnages de classes différentes (guerrier, barbare, sorcier, voleur, etc.) pour combattre des monstres, ainsi que les tableaux sur lesquels sont affichées les missions et autres réclamations. Comme dans un RPG, plus on avance, plus les monstres sont puissants, plus les personnages deviennent forts : ici nos héros reprennent petit à petit du poil de la bête, retrouvent d'anciens réflexes, tandis que les monstres qu'ils affrontent dans le Wyld vont d'abord des créatures styles gobelins à des monstres plus dangereux comme des géants ou des démons.
On ne s'ennuie jamais dans cette histoire, nos personnages passant d'un problème à un autre, souvent résolus grâce à de gros coups de chances plus qu'à leur agilité. Les scènes d'actions, si elles sont souvent ponctuées d'éléments humoristiques, sont tout de même particulièrement intenses. Il y a également des moments plus calmes, où l'on se focalise davantage sur le passé des personnages, sur leur psychologie et leur amitié. Le tout est bien équilibré, tout comme l'humour, toujours présent mais jamais pesant. L'auteur utilise ainsi tous les procédés comiques existants, notamment le comique de répétition, avec par exemple les multiples dépouillages de Jain, ou encore les "c'est compliqué" de Clay lorsqu'il faut expliquer une situation que ses camarades peuvent résumer en une ou deux phrases. L'on pourrait craindre une certaine lourdeur avec cet omniprésence humoristique, pourtant ce n'est pas le cas, l'auteur maîtrisant le dosage à la perfection. D'ailleurs l'humour laisse parfois sa place pour des passages plus sérieux, que ce soit à travers les réflexions de Clay sur sa vie et celle de ses amis ou par des scènes plus sombres.

La fin du premier tome clos l'histoire de Saga, le deuxième tome étant consacré aux aventures d'une autre roquebande (il vaut toutefois mieux lire le premier avant, car on retrouve dans le deuxième certains personnages rencontrés dans celui-ci). Si j'ai adoré la bataille finale aux portes de Castia, qui permet de terminer l'épique aventure de Saga en apothéose, j'ai moins adhéré à l'épilogue, qui nous fait quitter les personnages de manière bien trop abrupte et détachée (alors que je m'étais tant attachée à ces vieux héros), excepté pour l'un d'eux dont on suit de près le retour tant mérité dans son foyer.

En bref...
Gros coup de cœur, donc, pour La mort ou la gloire, une Light fantasy éminemment épique. Si l'univers et l'histoire semblent de prime abord bien classiques, c'est la manière dont tout cela est abordé qui donne toute son originalité au récit. Ainsi, dans cet univers typique de la fantasy épique, où humains et créatures surnaturelles se côtoient, le milieu des mercenaires est assimilé à celui du rock. Nicholas Eames a trouvé un excellent équilibre entre des scènes d'actions intenses et des scènes plus calmes qui permettent de se focaliser sur la psychologie de personnages particulièrement bien traités et bien plus complexes que ce à quoi l'on s'attendrait de la part d'une fantasy parodique. Autre dosage parfaitement maîtrisé : l'humour, qui y est quasi-omniprésent, quoiqu'à divers degrés mais jamais de manière pesante et toujours efficace, laisse parfois la place à des passages aux tonalités plus sérieuses, voire plus sombres.
C'est avec un réel et immense plaisir que j'ai suivi les aventures rocambolesques de cette troupe de vieux mercenaires sur le retour. Un pur régal !
On m'a dit que le deuxième tome était tout aussi savoureux, voire meilleur, donc j'ai hâte de pouvoir me replonger dans l'univers de Wyld.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire